Si
Voices fut composé par
Joe McPhee pour être interprété en duo avec
John Snyder, c’est en compagnie de
Raymond Boni qu’il l’enregistra en 2000. Saxophones et trompette de poche firent donc face à une guitare électrique plutôt qu’à un synthétiseur, le temps de 4 interprétations du thème et de 3 improvisations tirant parti de la relation profonde qu’entretiennent les deux musiciens.
Ouvert par les slides réverbérés de
Boni,
Voices I trouve là le décor adéquat à une progression suave, oscillant entre ballade feutrée et blues perdu dans les brumes. Présentation du thème, aussi. Qui gagne en densité, ici déjà, selon le lyrisme servi graduellement par le saxophone, et par les instincts percussifs de
Boni, de moins en moins retenus au fil des versions. Jusqu’à faire hésiter le guitariste entre le relâchement évanescent conseillé par la méthode (accompagnement à sa charge et phrase mélodique revenant à
McPhee) et les touches bruitistes plus instinctives (
Voices IV).
Forcément plus permissives, les improvisations multiplient les directions : surnombre des effets de guitare brouillant le propos pendant la tenue duquel la trompette de poche s’essaye aux plus fins volumes (
Dream I), expérimentations de
McPhee sur son alto avant la montée en puissance d’un free battu par les notes étouffées dévalant de la guitare en cascade (
Dream II), ou interventions moins perturbées d’un couple qui manie les effets délicats (
Dream III).
Rappelant dans l’idée
Beyond the Missouri Sky de
Charlie Haden et
Pat gling gling Metheny,
Voices & Dreams offre un dialogue bien plus particulier, qui ne s’interdit pas le recours à l’introspection quand il pourrait toujours réclamer l’échange. Le charme en plus, pour l’auditeur, d’être invité à s’immiscer dans la sphère privée d’une relation véritable, pour beaucoup dans l’élaboration d’un monde étrange et singulier.
Chroniqué par
Grisli
le 03/01/2006