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Supersilent

: 7



sortie : 2005
label : Rune Grammofon
style : Musiques improvisées

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Tracklist :
01/ 7.1
02/ 7.2
03/ 7.3
04/ 7.4
05/ 7.5
06/ 7.6

Si la discographie parfaite de Supersilent manquait de quelque chose, c’était bien d’un live, qui attesterait à la fois du travail fourni et resterait comme la trace de l’œuvre en train de se construire, empreinte déposée par ces longs morceaux entre improvisation et méditations rythmiques que l’on connaissait déjà pour les avoir fréquentés le temps de quatre albums (dont un triple) essentiels. L’oubli est réparé avec cette captation d’un concert donné en août 2004 à Oslo, qui a à la fois valeur de live (on le savait) de synthèse des précédents travaux et de nouveau pas (de géant) en avant.

L’objet parvient au spectateur avec la même rigueur que les précédents, packaging épuré simple support des informations techniques essentielles. En ce qui concerne le contenu, aucun menu, on entre directement dans le vif du sujet, un live copieux de 109 minutes présenté d’une traite, sans saute ni overdub ni quelque retouche que ce soit. Juste le montage, qui accompagne de manière rythmique la musique, et quelques manipulations discrètes de l’image : ce 7 pourrait bien être une tentative de cinéma musical documentaire.

Côté image et son, rien à redire, tout est techniquement sans reproche : clarté du son et beauté harmonieuse du noir et blanc, avec une large palette de nuances de gris. Le choix du 16 mm s’avère assez étonnant compte tenu de la surenchère d’effets technologiques habituellement constatée dans le cinéma musical : épure plastique qui correspond à l’esprit du collectif norvégien, en même temps qu’elle ramène vers un passé underground leurs fantasmes d’improvisations technologiques. Où l’on découvre, par le truchement de ce choix esthétique, que la musique électro-acoustique du combo est moins électronique qu’électrique et acoustique.

Les six morceaux nous ramènent sur les territoires précédemment explorés et soigneusement inventoriés selon des chiffres – la douceur méditative de 5 et 6, le bruit et la fureur de 4, le bruitisme de 1-3 – en même temps qu’ils intègrent les tous derniers espaces entrevus par le collectif : le concert se distribue ainsi entre l’exploration d’une écriture ré-interprétée, ré-élaborée par les musiciens et l’improvisation qui autorise, précisément, cette relecture de leur passé musical immédiat. Pas de révélation fracassante dans l’approche de leur musique, mais le sentiment d’être constamment sur la brèche, tenu en éveil par les surprises et les hasards du son, ses dépressions comme ses zones d’ombre et ses soleils, ses vagues de froid, ses soudains excès de feu. La musique de Supersilent est ample (la durée du concert en atteste), elle se distend et se tasse comme un poumon, elle pulse comme une artère : les six pièces s’ouvrent le plus souvent sur un tempo lent, distendu, dilaté, où l’immensité sonore se veut la région qui accueillera tous les accidents et les débordements possibles, et se renversent en des géomancies furibondes. Le quatuor propose des éléments, les écoute, à l’affût de leur vie musicale propre, les reprend, les retouche, les redirige : une fois lancés, ils deviennent des entités spécifiques, vivantes, indépendantes, avec lesquelles les musiciens dialoguent, jusqu’à en faire des cathédrales en suspension, des affaissements musicaux.

Cette transe (car il s’agit bien ici de trouver et pénétrer la transe des musiciens, la dimension physique de leur musique, loin de la quiétude de leurs derniers albums : sueur, convulsions des corps sur les instruments, crispations des mains) est enregistrée par Kim Hiorthøy avec une économie de moyens qui s’autorise pourtant à suivre la musique lorsqu’elle a recours à des effets plus sophistiqués : quelques surimpressions, un montage plus serré, des variations d’angles plus nombreuses, parfois la saute de la pellicule à l’intérieur de la caméra qui apparaître le chevauchement des photogrammes à l’écran (saute due au volume sonore ?). Grâce soit rendue à Hiorthøy, qui capte sans jamais clipper. Une manière de filmer aussi sûre de son fait et de ses moyens que l’est la musique de Supersilent, aussi pure, aussi belle, aussi exigeante.


Chroniqué par Mathias
le 17/12/2005

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