S’il y a bien une chose à peu près sûre, c’est qu’on ne passera pas un hiver sans la bande-son qui va avec, cahier des charges comme suit : langueur scandinave de préférence, voix de velours mélancolique posée sur un lit acoustique cotonneux, tristesse tenace sur fond de paysages grandioses.
Portrait of David remplissait remarquablement cet office l’année dernière. Revoici cette année
The White Birch pour prendre le relais, mais le dépaysement, on le sait d’emblée, ne sera pas trop rude : Ola Fløttum est à l’origine de ces deux univers musicaux sensiblement proches, on avance donc en terrain connu.
Qu’importe, on n’attend pas que le musicien bouleverse nos habitudes de confort hivernal, mais qu’il nous offre ce que l’on a envie d’entendre pour être au diapason de nos humeurs carencées en vitamines : à savoir, d’abord, cette voix identifiable entre toutes, proche et lointaine à la fois, merveilleusement accompagnée sur deux titres (
Storm-Broken Tree et le superbe et entêtant
June) par celle de Susanna Wallumrød.
Bien sûr, il faut un écrin à la hauteur : mais notre homme et ses musiciens s’y connaissent en ambiances feutrées et minimalistes, habitées d’une grande profondeur, distillant chaque note à propos, quelque part entre
Talk Talk et
Perry Blake période ante-soul luxuriante.
Cette pop amortie pour lendemains qui déchantent ne cesse pas de nous émouvoir, bien que l’on en connaisse désormais bien les ressorts : piano et claviers embrumés d’échos, batterie et percussions légères, cordes jamais bavardes. Déploiements tactiles pour atmosphères subtilement ductiles, on se sent d’humeur paronomastique. C’est que
Come Up For Air réussit à fondre ensemble avec une grâce exquise des sonorités homogènes, qui s’enrichissent réciproquement de leurs nuances ténues. Morceaux que l’on pourrait craindre froids, mais qui au contraire nous réchauffent dans leurs bras invisibles.
L’hiver prochain, on aura peut-être changé de disque. Mais Ola Fløttum ne sera pas loin.
Chroniqué par
Imogen
le 16/12/2005