En 1994, à l’occasion du trentième anniversaire de l’A.A.C.M., le
New Horizons Ensemble du saxophoniste
Ernest Dawkins rendait hommage aux fondateurs de l’association comme aux représentants les plus charismatiques du jazz d’avant-garde. Mais de manière originale, mettant de côté la reprise de standards pour distribuer les hommages aux rythmes de compositions signées du leader ou de son tromboniste,
Steve Berry.
Ensemble, les deux hommes inaugurent
Improvisation # 1, morceau au laisser-aller coulant, capable de distiller un peu de swing aux phrases répétitives. Le reste du sextette ne tarde pas à justifier de sa présence : prédominance de la section rythmique (
Yosef Ben Israel et
Reggie Nicholson) sur des compositions efficaces jouant des déclinaisons tonales (
The Time Has Come,
Bold Souls) ; poids des deux autres solistes, que sont le guitariste
Jeffery Parker (sur
Flowers for The Soul, surtout) et le trompettiste
Ameen Muhammad (partout où il joue).
Sans jamais perdre de vue l’efficacité qu’il a toujours mise en avant dans sa musique,
Dawkins adresse donc des clins d’œil : aux compagnons de l’A.A.C.M. que sont l’
Art Ensemble (
Improvisation #2) et notamment
Lester Bowie (
Runnin’ From The Rain), et aux maîtres jamais trop remerciés –
Ornette, sur un post-bop dans lequel s’immiscent des périodes commandées de flottement (
Zera) ou la délicatesse virant au chaos spatial de
Flowers for The Soul, ou
Roland Kirk, sur la soul d’une valse lente jusqu’à la marche (
Dream for Rahsaan).
Dans le livret, le saxophoniste approfondit encore les dédicaces, dresse un répertoire de musiciens ayant œuvré avec générosité pour la Great Black Music, et vient ainsi compléter l’excellent concert de louanges. Pas terminé, celui-ci, puisque d’autres égards indispensables seront distribués le long d’un Volume 2.
Chroniqué par
Grisli
le 13/12/2005