Connu dans son pays pour avoir établi un lien exigeant entre musique et danse, le compositeur sud-africain
Shaun Naidoo s’offre de temps à autre le loisir d’un retour aux sources de la musique évoluant pour et par elle-même. Le cas avec
Smoke and Mirrors, où il défend en quintette des compositions faites pour accueillir l’improvisation de groupe.
Tressant des couronnes de musique sombre, le piano de
Naidoo ne cesse de demander du renfort, offert par la clarinette basse de
Marty Walker tout juste sortie des limbes (
Shinning Path) ou les divagations graves du trombone de
Scot Ray (
Smoke and Mirrors). Ailleurs, le leader guidera seul une marche funèbre étrange, tirant parti du piano et de reverses programmés (
Elephant Days).
Inspectant le domaine de la retenue, il arrive au quintette de prôner la quiétude, piquée quand même de tentatives expérimentales : l’auditeur pris dans l’engrenage de
Deliverance, merveilleusement défendu par une combinaison électronique / acoustique réfléchie ; les musiciens accaparés par l’obsession de la répétition, capables de brusqueries éblouissantes (
Blood Music,
Smoking Goat).
Ainsi, sur
Smoke and Mirrors,
Naidoo a choisi de refroidir en caveau la chaleur reconnue du son des instruments sélectionnés. Loin d’obtenir le tiède, l’expérience donne au contraire naissance à ce genre de curiosité botanique, apparaissant seulement sous le coup des chocs thermiques.
Chroniqué par
Grisli
le 01/12/2005