Le percussionniste
Cyro Baptista ne peut pas accepter, sourire en coin, d’attiser tellement de convoitises (récemment, celles d’
Herbie Hancock,
David Byrne,
Arto Lindsay ou
Dr. John) et se targuer d’enregistrer un nombre incalculable de disques plus personnels. Mais tout de même : trois ans après
Beat the Donkey, le voici de retour, de nouveau produit par
John Zorn, avec
Love The Donkey.
L’occasion, une autre fois, de démontrer l’entière étendue de sa palette. En bande constituée,
Baptista mène quelques joutes rythmiques (
American Constitution,
Pandeirada), convoque une rencontre entre deux Amériques au son d’un
Hendrix Viva de Concini égaré en favela (
Frevo de Rua) ou d’un foutoir énergique nuancé de lounge music assumée (
Olivia-Step on the Roach).
Son Brésil natal, tout de même, de l’emporter bientôt. Lorsqu’il programme des forros urbains, à la manière de
Tom Zé (
Anarrié,
Forró for All,
Maria Teresa), ou quand il prend le temps de s’asseoir pour s’essayer à des pièces minimales et répétitives, soufflant dans une bouteille (
Bottles), sélectionnant quelques samples (
Movie Screen) ou portant de ses percussions la flûte de
Jimmy Cruiz sur un
Caboclinho signé
Nana Vasconcelos.
Histoire de parfaire le baroque de l’épreuve,
Cyro se penche sur des exercices de style, du simili dub de
Mat An à la reprise d’un titre de
Led Zeppelin qu’emmène un simple accordéon (
Immigrant Song). Et le concert, en mouvement, de distribuer partout l’insouciance nécessaire, la jubilation salvatrice de sauvages pas dupes, réverbérée sur grands buildings.
Chroniqué par
Grisli
le 14/11/2005