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Heribert Friedl

: Bradycard



sortie : 2005
label : Non Visual Objects
style : Musique électro-acoustique contemplative

achat/téléchargement

Tracklist :
01/ Contract
02/ Expands

Bradycard est un terme médical qui signifie un mouvement lent du cœur, généralement en dessous de soixante battements par minute, nous apprend Heribert Friedl en guise de préambule à son disque dans les notes de pochette. Et pour cause : cet album se déploie selon un tempo lent. De la même façon que Michaux cherchait à traduire dans son poème La Ralentie le décalage de son tempo intérieur face au tempo du monde que lui imposait ses problèmes de cœur, Bradycard est le témoignage d’un rapport au monde vécu selon un temps lent, dans un tempo inférieur à celui du monde, selon un corps qui, comme dans un rêve, se paralyse de son propre mouvement.

Le disque s’ouvre ainsi sur une distorsion temporelle : cinquante minutes distribuées en deux parties, Contract et Expand, soit un mouvement de cœur bref en soi, mais étiré ici aux dimensions d’un monde en miniature, temps où viennent s’agglomérer instruments acoustiques, bruits concrets, field recordings : ce poème sonore de l’intériorité cardiaque devient au gré du temps un chant du monde à l’unité fragile, qui tient à peine tout en étant toujours menacé par l’hétérogénéité des sonorités.

Contemplatif et répétitif sont les adjectifs qui semblent les plus adéquats. Mais la répétition ne présente pas ici le caractère pulsatile qu’elle peut avoir dans les œuvres de Steve Reich ou telle que l’électro l’affectionne : au contraire, elle n’est plus unité de mesure, pouls de l’œuvre invariablement répété jusqu’à l’hypnose ; on se situe à l’intérieur de cette pulsation. Contract / Expand est le mouvement double d’une pulsation unique que l’auditeur vit comme un large souffle, une impulsion initiale à la limite. A l’intérieur de ce cœur-monde les sonorités vivent comme autant de globules rouges, qui se développent lentement en se répétant, comme ces notes de cymbalon retraitées qui tracent des cercles à l’intérieur du va-et-vient de l’espace cardiaque. Un album paradoxal en somme : linéaire, double et répétitif, expression la plus pure du sujet se repliant à l’intérieur de soi mais ouverture ventriculaire et pulsatile à un monde indéfini, sans mesure, peut-être infini.


Chroniqué par Mathias
le 10/11/2005

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