Dans la foulée des excellents album de
Phon.O et
Modeselektor ces derniers mois, les suédois de
Stacs of Stamina enfoncent le clou de l’eurocrunk avec un
Tivoli énorme et radical. Affirmant leur filiation à ce courant raillé par beaucoup (« encore un délire de journaliste en mal de classifications »), les
Stacs appliquent à la lettre la recette pas encore éculée d’un style où électronique, hip hop, guetto music et dancefloor se télescopent pour former une jubilatoire partouze musicale …
Loin de l’intimité qui se dégageait de leur précédent opus (l’excellent
Cashew Fenny), le trio s’aventure ici au coeur des courants les plus jouissifs du moment dont l’eurocrunk serait l’heureuse contraction. Synthés crunk et hymne aux bass musics, rap électronique pour clubs éclectiques, le Vieux Continent présente ses rejetons, produit d’une rencontre fructueuse entre
Anti Pop Consortium et
Lil’ John,
Teamtendo et
Modeselektor. Furieux et excessif,
Stay Beautiful s’offre comme le concentré de cette énergie brute, le manifeste annonciateur de la haute teneur en exactions musicales que recèle cet opus, avec en tête le
Donne moi un poisson en featuring avec d’autres tenants du style, les parisiens de
TTC.
Baghdad boogie (featuring Mike Ladd) ou
Sun Resort et son final champêtre offrent aux suédois le degré de délire rapologique sur fond d’aberrations électroniques caractéristique de leur virage pris depuis leur dernier EP,
Mistake, Rewind, Repeat. Le morceau titre,
Tivoli (carnaval, en suédois), véritable anthem pop-rap, avec son format ultra calibré refrain/couplet sadiquement chahuté et son gimmick imparable achève au sol les derniers réfractaires, sous les lumières kitsch et criardes des carrousels. Seul
Mourning morning, piste uniquement instrumentale, rappelle aux bons souvenirs des anciennes productions des
Stacs of Stamina.
France, Angleterre, Allemagne ou Suède, les balbutiements observés depuis un an ou deux ont aujourd’hui mué en un cri rageur impossible à ignorer. Consulter votre
oto-rhino pour tout renseignement complémentaire.
Chroniqué par
Oropher
le 07/11/2005