Emmené par la pianiste
Gabriela Friedli, le quartette
Objets Trouvés investit, sur
Fragile, quelques compositions de son leader. Mais à sa façon, toute particulière, qui ménage l’interprétation et l’improvisation la plus libre, trouvant souvent l’accord parfait entre les envies auxquelles on ne résiste pas et la petite dictature des nécessités.
Provoquant la rencontre des musiques sérielle et cubaine – donc, au rythme des gestes répétés d’une rouleuse de feuilles de cigares -, les musiciens introduisent
Pugglig, thème sophistiqué et flottant, qui s’éloigne peu à peu du parallèle repéré plus tôt. La batterie de
Dieter Ulrich provoque le changement et mène subtilement à
Fledged sous les lavis abstraits du soprano de
Co Streiff.
Ulrich et
Streiff, toujours, sur
Avra – Velum - assemblage qui s’occupe de fondre les airs, bousculés par une improvisation énergique -, pour un duo remarquable de profondeur. Qui a aussi le mérite de rattraper les incidents de parcours, plus tôt rencontrés sur
Kulan - No Way Out – Kulan, où les interventions du piano se sont faites plus convenues, les inspirations heureuses du quartette plus rares.
Avec élégance,
Co Streiff s’offre enfin le luxe de l’expérimentation lorsqu’elle ouvre
Luculus - Ursa Maj. Bientôt transformé par un riff de basse qu’impose délicatement
Jan Schlegel, le morceau tire avantages du choix de l’unisson sur une rythmique étudiée auxquels s’opposent les éclats discrets du piano, les ribambelles mélodiques du saxophone. Sorte de conclusion en majesté d’un album sournois d’accessibilité, plein d’avant-garde qu’on dissimule.
Chroniqué par
Grisli
le 19/10/2005