Odieuse injustice. Alors que sort dans les bacs son troisième album, le merveilleux
Set Yourself on Fire,
Stars reste encore méconnu et peine à poindre aux oreilles de tous. En effet, peu peuvent se targuer de suivre depuis leurs débuts ces cinq montréalais de talent, les deux premiers albums,
Nightsongs et
Heart, étant plus ou moins passés inaperçus de ce côté de l’Atlantique. Mais cette fois, gageons que ce ne sera pas le cas.
Set Yourself on Fire coupe le souffle parfois, tant il est impressionnant de maîtrise et de beauté. A la richesse de l’instrumentation et à la complexité des compositions répondent l’évidence simple des mélodies et la prégnance d’un monde original dans lequel on n’hésite pas un seul instant à se jeter et qu’on a beaucoup de mal à quitter. La majesté et la profondeur de cuivres aux apparitions sporadiques (trompette, trombone et cor) se mêlent au lyrisme des cordes, à des habillages électroniques bien sentis et aux atours traditionnels de tout groupe de rock pour former un tout dense et émouvant, à l’image du morceau d’ouverture, le magistral
Your Ex-Lover Is Dead.
Quand on sait que Evan Cranley et Amy Millan sont également membres de
Broken Social Scene, on ne peut s’empêcher de rapprocher la musique de
Stars de celle de cette autre formation canadienne. Elle possède néanmoins un univers et des références propres. Ainsi
Set Yourself on Fire évoque t-il avec délice
My Bloody Valentine le temps d’un
Ageless Beauty aux guitares hurlantes, à la batterie martiale et au chant asthmatique ou revêt-il les apparences de
Her Space Holiday avec ses pop songs de rêve, au sens mélodique assuré, associant cordes et électronique (
The First Five Time,
Celebration Guns).
Porté par les voix élégantes de ses deux interprètes, Torquil Campbell et Amy Millan,
Set Yourself on Fire s’élève haut, très haut, et approche la perfection le temps des cinq minutes de
One More Night, pop song implacable, délicat duo de douceur et force. Groupe dissident au sein d’une ville qui a donné quelques unes de ses meilleures réalisations au post-rock,
Stars séduit par sa pop vive, pleine d’adresse et de sensibilité.
Chroniqué par
dfghfgh
le 16/10/2005