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Mr Oizo

: Moustache (Half A Scissor)



sortie : 2005
label : Fcom
style : Electro-Moustache

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Tracklist :
02/ the end
03/ latex
04/ vagiclean 2
05/ straw anxious
06/ (e)
07/ nurse bob
08/ berleef
09/ scum hotel
10/ drop urge need elle
11/ (ee)
12/ stunt
13/ moustache
14/ half a scissor
15/ 1$44
16/ square surf
17/ vagiclean

Oizo, un dilettante qui revient affoler les minuteries de l'électronique. Abandonné le son cracrade et la basse caractéristique du flat beat maintes fois copiée depuis, place au concentré digital sur tape low-bitrate. Manifeste d'iconoclasme jubilatoire, Moustache est un disque condensé et fulgurant. Une pilule effervescente et efficiente, une saillie insolente et tributaire d'un groove singulier, avant tout. Saccades et secousses, ruptures et remous. Des parties percussives un peu fébriles tirent partie d'un équivalent numérique de casseroles déglinguées. La loi du gimmick règne, délicieusement aliénante, sous la forme de montées et descentes de gammes soumises à des variations et micro-décalages têtus. La production raclante, aux reliefs compressés à l'extrême (à l'inverse du flasque fascinant des textures déployées par Jackson) fait en sorte que ces mélodies analogeek dures, compactes et fédératrices rentrent dans le crâne comme une véritable infection, puis la tumeur vrille, vrille de l'intérieur.

Si l'électronique a pour lieu commun la figure du patchwork, Oizo est ici le créateur radical qui débarque avec cutter et scotch pour rafistoler des jingles entre eux (Berleef reconfigure le M.Oizo Beef remix présent sur le Maxibeef EP de Feadz). Habile LegoÓ-man, il contourne ainsi l'idée de "morceau" en lui substituant une succession d'accroches, de motifs superposés, de très courtes structures en dérive (les deux génériques-pastiches enfilées sur la piste 15). Divaguant dans le régime de l'accident sonore comme personne, il ne retient des bugs et autres erreurs que les éléments qui font vrai déclic. D'où une ambivalence entre l'impression d'un total chaos artificiel, (re)construit comme tel, et celle de morceaux purement linéaires, réduits à l'essentiel, apparemment concentrés sur peu de pistes. Et leurs résonances sont parfois si évidentes qu'on se dit que le producteur sabote consciencieusement, à force de bousculades et redécoupages, autant de tubes indiscutables. En fait, ces tubes sont bien là, mais superficiellement cryptés dans un lexique de sons nerdy au possible, tout à fait original, qui au final n'en rend ce shoot (38 minutes seulement !) que plus enthousiasmant.

Oizo a compris un truc qui le rend inimitable, le triptyque des micro-hymnes Stunt - Moustache - 1$44 en est la preuve. Provocateur (quitte à azimuter les formats, autant commencer son disque à la piste deux par un morceau intitulé The End), il se situe salutairement dans l'autodérision plutôt que dans la posture arty, du côté du jeu plus que de l'expérimentation autiste. En témoignent en clins d’œil cet interlude de gongs incongrus ((E)) ou un sample sur Square Surf qui évoque infailliblement le Gym Tonic de Thomas Bangalter / Bob Sinclar. Il s'agit encore d'un disque pas dupe de son contenu : dans le leitmotiv sonore this is computer music, cette façon de n'en faire qu'à sa tête (moins lounge dans l‘attitude, moins orthodoxe dans le groove, tu meurs) semble revendiquée, et le suicide virtuel - au moins par rapport à un certain public - conscient.

Alors oui, Moustache est une affaire de duel avec les logiciels qui finit dans des écoulements de code binaire. Computer music telle qu'on en imaginait pas possible. Musique authentiquement électronique et attrayante, qui ne se contente pas de profiter de la sophistication de l'outil pour réactualiser les éternels mêmes airs. Une production et des sons fièrement contemporains, qui se radicalisent pour aller extraire du media ses potentialités intrinsèques, ses figures et effets propres, pour un album qui n'oublie pas de faire sautiller les neurones, de déjouer malicieusement les attentes, de distraire et de stimuler, tout simplement.

Le tracklisting de Moustache, décidé par Feadz, a été l’objet de fluctuations. Selon une récente interview de l’artiste, de la version promotionnelle ici chroniquée à la version commercialisée, quatre morceaux ont été ajoutés.



Chroniqué par Guillaume
le 04/10/2005

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