Célébrer vingt années passées au service de la musique vaut bien compilation. Une fois n’est pas coutume, le label qui a soutenu dès l’origine l’oeuvre de l’artiste compilé n’a pas été dépossédé, et se charge, récompensé, de la rétrospective en question :
Portrait, celui d’
Irène Schweizer, présenté par Intakt records.
Rassemblant quatorze titres, le disque se trouve gonflé par la présence des partenaires du sujet. Batteurs défendant sans cesse le changement dans la pratique (impacts parfaits de
Louis Moholo sur
Angel, approches plus répétitives de
Pierre Favre sur
Waltz For Lois, arythmie tout en retenues d’
Andrew Cyrille sur
A Monkish Encore), saxophonistes iconoclastes (le blues chaleureux de
Bleu Foncé rehaussé par
Omri Ziegele, la fantaisie de
Co Streiff canalisée sur
So Oder So), ou autres amies illuminées (
Maggie Nicols et
Joëlle Léandre, par deux fois).
Bien qu’embrassant une période allant du
Live at Taktlos à un enregistrement tout récent mené en trio aux côtés de
Fred Anderson et d’
Hamid Drake (
Willisau),
Portrait prouve la clairvoyance de la démarche de
Schweizer, qui ménage les amours mélodiques (
Sisterhood) et l’improvisation la plus désaxée (
Verspielte Zeiten). Passant naturellement du ragtime (
Sisterhood Of Spit) au contemporain (
Contours) sans jamais perdre de vue que l’enjeu est l’envie.
Vingt années à amasser les ostinatos, à s’amuser des ruptures de rythme, accompagnée ou en solo. Sélection scrupuleuse et parfaite introduction à l’œuvre de
Schweizer,
Portrait rafraîchit affablement les mémoires et attise encore l’impatience de qui attend la suite.
Chroniqué par
Grisli
le 03/10/2005