Avant d’entreprendre l’exploration d’un monde de cordes exclusives aux côtés de
Yumiko Tanaka,
Ivar Grydeland avait testé ses façons improvisées en compagnie de son compatriote
Tonny Kluften, contrebassiste, et de l’excellent batteur allemand
Paul Lovens.
These Six, ou six improvisations sereines, presque camouflées.
Un Livre d’aigus est ouvert : coulants, les coups portés aux cymbales par
Lovens accréditent les stridences de la guitare de
Grydeland (
01) ; ailleurs, les grincements divers se laissent gagner par la torpeur de musiciens fiévreux (
05,
06). Supportant à elle seule toute la résistance, la contrebasse de
Kluften opte pour des glissandos amenés à calmer les accents prononcés du banjo de
Grydeland (
02).
Révélé somme d’intersections de phrases envolées - assez intelligentes pour ne pas faire de l’autonomie des musiciens un prétexte aux propositions renfermées -, le jeu du trio (
04). Jusqu’à obtenir plus de 14 minutes de félicité sur
03, où se bousculent échantillonnages rythmiques, répétitions efficaces et mouvements à peine audibles.
Porteuse du projet, la guitare éloignée du micro d’ambiance rappelle les exercices de
Derek Bailey institués en leur temps en compagnie du percussionniste
Cyro Baptista. Formant une section arythmique modèle d’inventivité,
Lovens et
Kluften comblent le reste d’une qualité différente. Autant dire encore la grâce de l’ensemble.
Chroniqué par
Grisli
le 21/09/2005