Gabber, hardcore, mashcore, noise … ou plus prosaïquement et selon les dires de son auteur une sorte de « Game Boy gabba-punk … ou pop » : voici le vaste terrain de jeu de
Dj Scotch Egg, autre gentil déjanté issu de l’écurie
Adaadat, après
Utabi et son excellent
Manchurian Candy sorti en 2004.
Officiant dans une veine proche de celle portée par
Shitmat, ragga en moins,
Shige Hishihara déboule armé de son mégaphone, de sa Gameboy et du stock 8 bit afférent, d’un goût immodéré pour les produits made in KFC (Kentucky Fried Chicken), ou pour le redoutable « plat » Ecossais, le Scotch Egg, avec la ferme intention de ne laisser personne sortir indemne … Au menu : 250 bpm, second degré et détournements en tout genre.
A grand renfort d’humour, le Japonais (aujourd’hui expatrié à Brighton, Ecosse) donne une autre vision d’une musique volontairement bruitiste et excessive : du message d’accueil de KFC en guise d’intro (« Welcome to KFC », immédiatement ponctué du nécessaire et pertinent « core » à la fin), au
KFC Song, véritable anthem exécuté a capella avec chœur de luxe, sans oublier l’addictif
Scotch Forrest, reprise du
Peer gynt de
Grieg …
Hishihara se gausse et nous avec, sous un déluge de beats martelés sans vergogne.
S’aventurant sur les terres fertiles d’un
Jason Forrest,
Dj Scotch Egg reprend pour mieux distordre, concasser et recracher un produit brut : il ne lui a ainsi fallu que trente jours pour faire naître cet opus. Faussaire inspiré et bestial agissant à l’instinct (ses lives sont en grande partie improvisés) ou satisfaisant ses penchants cheap & fun (
Tetris Wonderland,
Scotch Out), sans négliger les tendances actuelles (le grime made in Rephlex et ses compils sur
Scotch Grime) ou les élans nationaux (
Scotch Land), l’insatiable Hishihara laisse derrière lui désolation et éclats de rire là où d’autres se contenteraient de décombres de fastidieuses usines à gaz sonores …
Si cet album n’est pas à mettre entre toutes les mains ou oreilles, gageons que ceux qui s’y plongeront n’en sortiront, comme prévu, pas indemnes … pour leur plus grand bonheur !
Chroniqué par
Oropher
le 24/08/2005