En introduction de
Top Shoks, Souvenirs les bruitages de machines à sous s'affolent, comme si
Groupgris commençait par toucher le jackpot avant de révéler sa musique. Et pour cause : si ce
Welcome IV poursuit dans un a-dada-sur-mon-Atari plutôt léger, gentiment frénétique et guilleret,
Orion Bouvier (également label manager de Wwilko) peut prétendre à une reconnaissance au-delà du seul microcosme des (petits et grands) aficionados de micromusic, 8-bit tracks et autres chiptunes. Avec un album comme ça, il est nerd et pimp (pardon, pumpin') à la fois. En musique du moins, et cela donne par exemple l'ingénieux
Drugs'n roses, télescopant booty beat et gimmicks cartoons avec un sens de la comédie aliénant : des lasers taquinent d'énormes synthés-basses rave dans une démonstration de comment-pilonner-sevère-tout-en-restant-sexy-et-fun pleine de panache.
Avec cette méthode fédératrice, Orion peut se permettre de ramener ses copains du West Lointain sur
Powerlock 8inch pour une leçon de digital folklore qui déjante, bugue, groove... Et ouvre la voie, immédiatement après un couplet d'
Eminem, à un young & fast MC ragga aspiré par la turbine infernale de ce faux groupe vraiment grisant. Cavale de cut-ups sur cadences binaires, rebonds contre des basses analogiques et mode machine à laver qui tilte et s'emballe sont programmés sur
ds DEM. Quand
Gangpol und mit babille des comptines qui touchent à l'inconscient collectif,
Groupgris utilise le même délire jingle-istique de façon plus extrême. Sa marque volontiers glitchy (le découpage rappé de
Proto Delices), rude et dancefloor n'en reste pas moins terriblement directe et fédératrice, avec pour nouvelle preuve le beat tapageur d'
Autonational ou le titre
Bastards in the bx, qui profite d'un nouveau tempo cul-cul pour éreinter un instant les voix electroclash (genre qu'Orion dynamite aussi de l'intérieur avec son side project
Kap Bambino).
La fin de l'album est moins bruitale, mais s'éparpille tout aussi savamment dans des effets hétéroclites, jamais plugins gadgets, mais vrais jouets à sensations, à l'image de ce
Digi Piloti et sa mélodie jolie, ou des dérayages et crissements infantiles sur
Châtiment. Somme gonflée de synthèse solide et de samples sordides, de muscle et de ressentis contradictoires,
Top Shoks, Souvenirs s'écoute cash, à bloc : en dépit de sa puissance, un tel flash numérique ne tolère pas d'auditeur à contre-jour.
Chroniqué par
Guillaume
le 17/08/2005