Honey for Petzi est avant tout un grand groupe de scène. Non que leurs albums soient mauvais, mais ils peinent le plus souvent à rendre toute l’énergie développée par le trio lausannois en concert, où se succèdent à merveille instants d’euphorie et de tension, dans une formule dont ils ont le secret et qui pourrait être qualifiée de teenage post-rock. Lorsque le festival genevois de la Bâtie a eu l’idée en 2003 d’une soirée acoustique réunissant des groupes de la scène métal et post-rock helvétique, on pouvait douter du résultat dans le cas d’
Honey for Petzi. Comment leur rock instrumental précis et tendu allait-il s’accommoder de cette contrainte « unplugged » ? La réponse paraît aujourd’hui sous le nom de
Machnick, pour un album où
Honey for Petzi, épaulés par des membres du groupe
Parazit, confrontent leur jeu à la composition acoustique.
Vice-présidente ouvre le bal, sur une rythmique de batterie et des boucles de guitares qui esquissent une pop légère et envoûtante. Le synthé fait alors son entrée, pour une mélodie toute en ambiances, qui n’est pas sans rappeler le style de
Tortoise.
Octoville suit, toujours dans des atmosphères qui font penser au groupe de Chicago, dans son intro du moins, avant qu’une voix comme en retrait ne fasse son apparition pour la seconde partie du morceau, le sublimant du même coup. La suite de l’album oscille constamment entre le post-rock nappé d’ambient de
Tortoise et une pop plus chantante, qui s’apparente parfois à certaines compositions de guitares des
Kings of Convenience. Un étrange mélange ! Pourtant,
Machnick n’en oublient jamais tout à fait leurs origines (un rock dans la lignée de
Slint ou autres
Don Caballero), des échos d’
Honey for Petzi refaisant surface par endroits (
Sauvabelin,
Force majeure), troquant les amplis électrisés pour des lignes acoustiques plus claires, qui n’abandonnent pas la tension pourtant.
Avec cette première (et unique?) livraison,
Machnick proposent un album maîtrisé et séducteur, puisant aussi bien dans un certain post-rock à guitares que dans les mélodies d’une pop alambiquée, et réservant quelques instants magiques pour l’auditeur (le superbe et lancinant
David sifflet). Mais plus que de démontrer le potentiel d’
Honey for Petzi, ce disque pose peut-être la question de leur devenir. Si leurs albums « officiels » donnent parfois l’impression de tourner en rond depuis le très réussi
Heal all monsters (produit par Steve Albini), leurs échappées libres laissent deviner de belles possibilités. Que cela soit ce
Machnick acoustique ou la B.O. de
Angels Camp - où le groupe s’essayait à une pop plutôt convaincante –
Honey for Petzi offrent de jolies promesses lorsqu’ils s’écartent des chemins post-rock balisés, pour se laisser aller à des virages plus pop.
Chroniqué par
Christophe
le 28/07/2005