Tu es une femme, je suis une machine. Une machine, c’est ça, alimentée à grands coups de riffs et de grooves, des coups de griffes de ceux que nous nous donnons, amants, durant nos ébats. Je suis une machine, c’est ça, je suis faite de post-teenagers sur-sexualisés. Je suis une musique pure d’énergie, sans concession faite à l’industrie.
You’re a woman, I’m a machine est un monument construit sur les sommets du tempo. Le duo basse-synthétiseur/batterie-voix qui compose
Death form above 1979 ne s’essouffle jamais, on sent chez lui l’urgence qui devrait toujours porter le rock, l’urgence avec laquelle peuvent se ressentir les manifestations de la sexualité. L’urgence aussi d’une colère qui trouve à s’exprimer dans cette tentation de la destruction toujours recommencée de la batterie.
La réduction à l’essentiel de la formation du groupe — deux individus — si elle n’a rien en soi d’exceptionnel (les Canadiens semblant d’ailleurs se spécialiser dans ce genre), est un symbole de ce dont
You’re a woman, I’m a machine ne cesse de parler (à un exception près, soyons honnêtes :
Black month history). « Les résultats sont super sexuels », murmure Sébastien Grainger au début de
Sexy results. Tout est dit en un sens : le rock, c’est cette musique de la libération qui passe par le sexe métaphorisé dans et par la musique. La question n’est pas celle, ridicule car désuète de nos jours, de la libération sexuelle. Ce qui s’y dit, c’est que l’expression de la sexualité a quelque chose de libératoire. C’est ce qu’affirme
Romantic rights : « You’re romantic rights are all that you’ve got », slogan explicite et porté à son paroxysme par le
Erol Alkan’s love from below re-edit du disque 2 qui fait convoler en justes noces rock et funk, samplant à l’envi sur un riff implacable un : « Come on girls I know you know what you want » tout aussi saturé et érotique.
Ainsi, la musique est-elle une métaphore qui fonctionne en contrepoint d’une langue devenue explicite. Et, chacune à sa manière, elles traduisent l’immédiateté du désir.
Dans un texte tardif, Nietzsche n’hésitait pas à écrire : « Je ne suis pas un homme, je suis de la dynamite ». Presqu’un siècle plus tard,
Death from above 1979 nous rappelle les bienfaits de cette substance lorsqu’elle explose sur le mode artistique.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 25/07/2005