Le Mashcore (comprenez purée-core), style proclamé par
Shitmat ou
Bong-ra, est le dernier né de la famille breakcore. Reprenant les particularités rythmiques d'
Enduser ou de
Venetian Snares dans ses morceaux les plus ragga-jungle, il propose un samplage qui induit une bonne dose d'auto-dérision.
Full English Breakfest est à la fois, comme son nom l'indique, un festival de breaks et de déstructurations musicales, mais aussi un petit déjeuner indigeste pour tous ceux qui vénèrent les BN au Nesquick le matin.
D'ailleurs,
Shitmat n'hésite pas à mélanger n'importe quoi dans son bol. Un peu de caféine pour éviter que l'infusion de marijuana tout droit importée du ragga-dub ne le fasse tomber en léthargie dès le matin. Quelques pétales de rythmes écrasées rageusement à la cuillère. L'once d'une mixture régurgitée de son oreille après avoir passé la soirée à zapper devant la télé en mangeant des chips au bacon. Le tout accompagné d'une tartine de culture principalement anglo-américaine. Mais avec
Shitmat, la culture, c'est comme la confiture. Plus il en met des couches, et plus c'est drôle de le regarder s'en mettre partout la figure.
On a en effet un album qui va révolutionner les crémaillères : fini l'éternel débat de 4h du mat' à se demander s'il s'agit de morceaux de nouilles ou de fromage de croque-monsieur qui traînent au fond de la cuvette. C'est bien plus fun d'essayer de reconnaître les grumeaux de musique éparpillés dans la galette de
Shitmat. Au thème des confédérés suit un
Rage Against The Machine sur fond d'accordéon dans
Theme From The 1988 Morris Dancer Massacre. Tandis que
Uk Swampcore Sucks In Comparison To Techstep New Wave Psy-Jungle (on le croit sur parole) se voit ponctué de remixes hardcore de
God Save The Queen et nous resert ce bon vieux générique des
Mystères de L'Ouest.
Parfois gonflés à l'hélium, parfois déchiquetés en miettes, les samples omniprésents donnent aux morceaux de
Shitmat un air de blindtest. On rit de son audace, mais on respecte la dextérité avec laquelle il fond ces mélanges improbables dans le moule d'un breakcore parfaitement maîtrisé, passant avec autant d'aisance d'un registre à l'autre, de
Haendel à la BO de
Grease. On pourra cependant regretter qu'à force d'exploiter le concept, l'album finisse par s'essouffler sur les derniers morceaux - du breakcore ragga jungle déjà-vu - moins intéressants que le reste du disque.
Bref, cet album ravira les amateurs d'électronique débile, dérangée, désaxée et fondamentalement dérisoire.
Chroniqué par
Tehanor
le 24/07/2005