Le piano de
Yuko Fujiyama dévale la première piste de
Things Heard Unheard, album emmené par le batteur
Brian Willson. Investissant le champ improvisé en privilégiant les cymbales, il aura tôt fait de dévoyer son entier instrument, partie prenante d'un trio en verve.
Fujiyama, donc, et
Dominic Duval à ses côtés. Le reste est une question d'instants, et de combinaisons.
Alors, s'installent en duos les accès de fièvre du piano attisés par la batterie (
Fractals), ou une pièce plus délicate mise en forme par l'archet de velours grave du contrebassiste (
Birds In The Temple). Seul,
Willson rend hommage à son maître de batterie, déployant son savoir-faire tout en refusant de se laisser emporter entièrement par son énergie (
Dear Charlie).
A trois, les musiciens décident d'interludes discrets (
Yuko II,
Bamboo) qui contrastent avec le swing dégénéré de
Bit by Bit (effets monkiens de
Fujiyama sur les pizzicati précis de
Duval) ou le chaos insatiable de
To Remember, où s'en donne à coeur joie la patte nerveuse et dense d'explications de
Willson.
Remarquable, aussi, le
Tibet évoqué au son d'un bourdon tenu par la voix de
Yuko Fujiyama, et dans lequel se mêlent la persistance des timbres des instruments et la lente procession des vibrations commandées. Adressant des idiomes de sagesse,
Duval noue les fulgurances du trio et les mène jusqu'à l'harmonie indispensable au sujet. Quelques effets feutrés appliqués aux tourments, histoire de diversifier le propos. Sans jamais l'étouffer. Et
Things Heard Unheard de trouver dans l'art de la mesure toute sa raison d'être.
Chroniqué par
Grisli
le 08/07/2005