Tout le monde en parle. Ils sont partout. Les
White Stripes sont de retour. Contrairement à ces inconnus de la veille que le travail souterrain d’attachés de presse zélés transforme en stars du moment, la renommée de Meg et Jack White n’est due à la montée plus ou moins artificielle d’aucun buzz. Les
White Stripes sont loin d’être des inconnus.
Une majorité aurait tendance à oublier que les Américains ne sont pas uniquement les auteurs du single dévastateur
Seven Nation Army , tube tellement monstrueux qu’il a presque fini par éclipser le reste de leur œuvre et à représenter à lui seul tout le son des
White Stripes. En effet, s’ils font toutes les couvertures à l’occasion de la sortie de leur cinquième album,
Get Behind Me Satan, c’est moins en raison de
Seven Nation Army que pour l’ensemble remarquable que forment leurs quatre précédents albums.
A l’évidence,
Get Behind Me Satan, même s’il ne manque pas de très bons morceaux, ne contient pas de nouveau
Seven Nation Army, ce qui n’est pas pour nous déplaire : ainsi aurons-nous le loisir d’apprécier toutes les beautés que renferment l’album et non pas seulement les plus immédiates. On peut néanmoins soupçonner Jack White d’avoir tenté de renouveler l’exploit avec le premier titre : le brut mais pas forcément réussi
Blue Orchid, sa batterie qui martèle et ses riffs de guitare électrique puissants et presque ringards qu’on jurerait empruntés à
AC/DC.
Cette introduction musclée est un faux-semblant. Le duo américain est aujourd’hui loin du garage d’où il semblait sortir le punk de
The White Stripes, leur premier album. Sans pour autant renier la rage fiévreuse de ses débuts, Jack White a un peu laissé de côté sa guitare électrique pour lui préférer un piano plein de réverbérations ou – fait plus étonnant – un marimba le temps du beau et fascinant
The Nurse.
Cette évolution instrumentale fait écho à un enrichissement de l’univers sonore et à l’affirmation des références des
White Stripes : le rock, qu’on pense aux
Rolling Stones, à
Led Zeppelin ou aux
Kinks (
Forever for Her, Take, Take, Take ou
Red Rain), le folk (
As Ugly as I Seem) ou encore le blues, influence omniprésente depuis
De Stijl (
Instinct Blues). Expression directe de l’âme de Jack White, le chant emprunte beaucoup à la musique noire (
My Doorbell) et au bluegrass, musique folklorique du sud des Etats-Unis (
Little Ghost).
Sans atteindre le degré d’excellence de
White Blood Cells, incontestable chef d’œuvre du duo de Detroit,
Get Behind Me Satan place la barre plus haut que
Elephant, en ouvrant sur un monde inspiré et authentique, en marge de l’effervescence rock actuelle.
Chroniqué par
dfghfgh
le 26/06/2005