Maritime est le deuxième album de
Minotaur Shock, qui a quitté le label Melodic pour l’institution 4AD. Les comparaisons du communiqué promo ont de quoi attirer le chaland :
Boards of Canada,
Milanese,
Four Tet. C’est surtout cette dernière référence que l’on retiendra. David Edwards semble en effet partager avec Kieran Hebden un goût pour les manipulations électroniques dessinant des paysages aux lignes très organiques : un titre tel
(She’s in) dry dock now, et sa rythmique hip hop abstraite et chaloupée n’aurait d’ailleurs pas juré sur l’album
Pause de
Four Tet. Mais à la différence du protégé de Domino, qui tire l’essentiel de ses machines, Edwards mêle à la programmation de véritables instruments (clarinette, flûte, violon…)
D’autres noms viennent à l’esprit lors de l’écoute :
Mice Parade,
Boom Bip dont le son du dernier album, comme « en surface », rappelle ce
Maritime qui privilégie les vaguelettes électro superficielles à de grands remous abyssaux. Un parti-pris qui ne rebute pas, car il ne s’agit pas ici de secouer l’auditeur mais de l’emporter avec soi au gré d’ ondulations caressantes ou plus chahuteuses ( et ce sera le single immédiatement accrocheur
Vigo Bay, ou le subtil
Hilly, funky bleep qui cousine avec
Ark).
Mais la grande affaire de
Minotaur Shock sur cet album, ce sont les synthés, cheesy à souhait (
Six foolish fishermen, Twosley), choix risqué mais qui a le mérite d’offrir à ce disque une couleur assez originale, en plein recyclage électronique eighties peu inspiré .
Le retro-modernisme de
Mistaken Tourist, d’abord rebutant, rythme binaire et riffs de synthés vintage à peine imaginables à l’appui, parsemé de touches acoustiques discrètes, fait son œuvre au fil des écoutes,et finit par coller un sourire décomplexé à l’auditeur d’abord circonspect.
Ce folktronica trimballe sa nonchalence tranquille au risque de ne faire qu’effleurer l’auditeur, et non de le marquer en profondeur. Mais ce n’est pas si grave
Maritime ne défrisera pas grand-mère, mais en fond sonore, pour accompagner les mots-croisés, ça le fait comme disent les jeunes.
Chroniqué par
Imogen
le 11/06/2005