Saxophoniste suisse installé à Paris, entendu aux côtés de
Günter Müller,
Joëlle Léandre ou
Fred Frith,
Urs Leimgruber n’en finit pas de multiplier les manifestes improvisés. Aux côtés de son compatriote et double d’exil
Jacques Demierre (piano), et du contrebassiste américain
Barre Phillips, le voici redoublant d’efforts sur
Idp – Cologne.
Après une introduction sage, voire convenue (
Dust), le trio trouve ses marques, et décide de faire confiance à l’expérience de
Phillips pour mieux se laisser porter. Son parcours de sideman l’ayant confronté à
Coleman Hawkins ou
Ornette Coleman, le contrebassiste sait de quelle manière faire de ses pizzicati une ponctuation implacable des dialogues entre
Leimgruber et
Demierre (
You Can’t grow Old Again). Un climat étrange est ainsi installé : le premier décidant d’une série de notes entrecoupées de silences ; le second distribuant les clusters avant d’opter pour une plus grande discrétion.
Mais c’est à
Phillips que l’on revient rapidement. Fulgurant, à l’archet, sur
The Rugged Cross, choisissant toujours la phrase juste pour répondre aux échos des attaques de
Demierre, ou à la virulence de
Leimgruber. Le morceau se termine par une berceuse à deux notes répétées par la contrebasse, bien loin des soins, brusques et loin d’être réparateurs, qu’on portait un peu plus tôt à l’instrument (
Spare).
Une courte pièce trace ensuite des parallèles d’harmoniques et calme les esprits (
Shadow Hands), avant que le trio défende une dernière fois des mélodies découpées sans patron, aux couacs et aigus servis par le piano et le saxophone (
Applegate Spark). Certes, l’expérience est radicale, mais trouve un inédit certain dans le rendu - soft - de l’enregistrement. Convainquant les initiés sans effrayer les débutants ; persuadant les débutants sans décevoir les initiés.
Chroniqué par
Grisli
le 07/06/2005