10th Avenue Freakout marque le retour du songwriter le plus touchant de ces dernières années, capable de composer avec un peu n’importe quoi, sans vraiment s’attacher à la qualité de son solfège. Après être passé des platines au piano et avoir fait du hip-folk avec
Why?,
Fog semble dorénavant travailler dans une certaine continuité, en présentant un album néo-folk plutôt convenu, du moins lorsqu’on suit le personnage depuis ses débuts.
Préférant l’ingénuité de
Hymie’s Basement aux ambiances brumeuses de
Ether Teeth, le
Fog nouveau se veut toutefois plus aéré que ses prédécesseurs, dans l’esprit du superbe single
We’re Winning. Ici, les rythmiques alambiquées se conjuguent à quelques digressions hoodiennes, selon une logique évolutive qui reviendra sur l'ensemble de l'album. Sans complexe,
Fog persiste dans sa tradition de la ballade minimaliste (
Song For A Wedding,
O Telescope, You) et grinçante (
Holy ! Holy ! Holy !), flirte avec l’ambient (
The Small Burn) ou le rock noisy (
The Rabbit,
10th Avenue Freakout), et saupoudre l’ensemble de quelques scratches discrets et foutraques.
Sous couvert d'une cohérence moindre, l’instrumentation de
10th Avenue Freakout rompt ainsi avec la récurrence du piano et laisse une place plus importante aux sonorités synthétiques. Inévitablement, le melting-pot peine à convaincre sur la longueur, mais il contient de véritables instants de génie.
We’re Winning, donc, mais aussi
The Rabbit, où le songwriting de
Fog révèle toutes ses qualités : guitare minimaliste, basse syncopée et xylophone malicieux enrobent tendrement les murmures d’un
Fog qui n’hésite pas à élever sa voix en toute fin de titre. Enfin, difficile de résister au texte de
Can You Believe It?, témoin de la naïveté d’un gosse trop lucide, sombrant inévitablement dans le cynisme.
Avec
10th Avenue Freakout,
Fog délaisse le perfectionnisme parfois étouffant de
Ether Teeth, au profit d’un songwriting bigarré et hédoniste. Si certains titres restent dispensables,
We’re Winning et
The Rabbit prouvent que
Fog n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se rapproche de ces sonorités pop-folk mutantes, et devient ce confident idéal, capable de comprendre les tracas les plus insignifiants de votre quotidien. Un ami qui vous veut du bien, somme toute.
Chroniqué par
David Lamon
le 31/05/2005