Le guitariste hongrois
Csaba Palotaï a parfois du mal à savoir sur quel pied danser. Ainsi, lorsqu’il mène son Grupa, on le voit hésiter entre un jazz décomplexé bourré de références folkloriques, et un rock fantaisiste et gouailleur. Inévitablement, lorsqu’on est trop sûr de rien, l’œuvre finie présente quelques accrocs. Mais le coup de main baroque est là, qui, indulgent, les rattrape.
Le principal inconvénient de
Stompy Trashy découle de l’intention trop clairement affichée par le
Grupa Palotaï d’y instiller de la bonne humeur. En conséquence, la légèreté de musiciens en verve, devenant rengaine sans soucis fatigante (
Twist Igen), procession lourde (
Queens), ou hymne propret et cabotin (
Survivo Spirit).
La déception est d’autant plus grande que le groupe se montre souvent convaincant : ainsi, la faconde des musiciens trouve d’autres aboutissements sur
Stompy Trashy, pièce enlevée qui gagne sans cesse en folie consentante, ou sur
Skele-tones, facéties individuelles mélangées pour composition licencieuse.
Esperanto Espresso nous offre même, avec raffinement, le mariage d’une bossa déstructurée et d’une valse (hongroise) extatique. Alors, une mélodie subtile, jouée à l’unisson, tire encore d’autres atouts d’un arrangement brillant : sourdines et retraits apposés sur les phrases élégantes du sopranino de
Rémy Sciuto, avant que la guitare de
Palotaï évoque un
Marc Ribot des Carpates.
Ailleurs, le sousaphone de
Didier Howet donne des couleurs à un instrumental fait pellicule que l’on débobine (
Mazurka Obsessions), ou dessine les chaloupements d’une marche folklorique ciselée (
Tubadour). Ainsi, 5 fois sur 8 le
Grupa Palotaï aura démontré qu’il est capable de bien faire. Et de telle manière qu’on peut passer outre le dommage des exceptions.
Chroniqué par
Grisli
le 30/05/2005