Un album double, qu'accompagne un texte. Signé Philippe Alen, il évoque le mouvement naturel d'un mobile pour mieux nous faire envisager la musique improvisée défendue sur
Gateway To Vienna. Sur un disque consacré aux prises studio, et un second revenant sur un concert donné à Vienne, on retrouve le pianiste
Veryan Weston, aux côtés de
John Edwards et
Mark Sanders, complices avec lesquels il avait déjà enregistré, six ans plus tôt, un
Mercury Concert impeccable.
En studio, avant tout. Dès le départ, le mobile, image acceptable, ne semble pas évoluer sans qu'on l'y aide un peu : fougue insatiable inondée de grincements d'archet (
Gateway One), éviction précieuse de la pesée des âmes avant leur mise en musique (
Gateway Six). Ailleurs, c'est d'accalmies que l'on décide : une plage de quasi silence porté par les éléments s'insinue dans le chaos (
Gateway Two) ; une mise en place évanescente pour climat sonore étale ouvre
Gateway Five.
Ici, la durée d'une improvisation implique forcément les changements. L'énergie auto alimentée de
Weston profite ainsi de la toile de fond déroulée par la contrebasse d'
Edwards (
Gateway Three), avant d'entamer avec elle un colin-maillard espiègle - préféré à la course poursuite -, que la rigueur rythmique de
Sanders aimerait rappeler à l'ordre (
Gateway Four). On trouvera un terrain d'entente une fois les aspirations du trio apaisées.
En concert, les intentions sont les mêmes. Répétitions, passacailles modernes,
Weston semble tout tenter, sur
Vienna One, pour éviter de définir les structures.
Sanders déploie allègrement ses fulgurances et, pas contrariant, accepte de courtes périodes lentes. A mi-course, un développement homophone force le respect, qui finira à l'orée d'un double-stapping signé par le batteur.
Vienna Two, elle, commence dans les brumes, éclairée de temps à autre par les tentations mélodiques du pianiste. La dominante est paisible, hermétique le vase qui reçoit les inspirations. Puis, comme tout passe, on emprunte le chemin sinueux menant au chaos instrumental. L'orage a dissipé les brumes, en studio comme à Vienne ; de crises d'énergie en phases de repos,
Weston,
Edwards et
Sanders, ressortent sains et saufs de leur incursion en terres d'affrontements.
Chroniqué par
Grisli
le 24/05/2005