Birthright, ou l'élégance d'
Hamiet Bluiett racontée en 48 minutes. En 1977, offertes au public d'un loft new-yorkais, les poses hallucinantes d'un solo de saxophone baryton. Pour un free jazz qu'on raccommode avec ses sources ; qui met genou à terre le temps d'un hommage appuyé au blues des origines.
Histoire qu'on n'y revienne plus, signaler la maîtrise, impeccable, de l'instrument. Nouveau Faust,
Bluiett explore avec emphase des gradations tout juste établies (
Doll Baby, aka Song Service), ose les variations de phrases répétées (
My Father's House), ou se moque du vertige lorsqu'il estime le gouffre séparant les contrastes (
The Mighty Denn). Assagi, il poste délicatement quelques déclarations intimes (
Ebu-Helen).
Dédiant
In Tribute to Harry Carney à son maître de musique, il y appuie, respectueux, un free blues capable de silences comme de digression funk minimaliste. Carney notera l'élève tout à la fois studieux et innovateur, lorsque celui-ci se laisse aller à déconstruire à la lettre
The Village of Brooklyn, Illinois, ou fait comprendre que les tremblements de
My Father’s House ne sont pas d'hésitation, mais une façon comme une autre d'aller voir ailleurs.
De ce côté-ci, pas trop d'efforts à faire :
Bluiett ne tient pas en place. L'espace du loft, il s'en sert ; la disposition des micros, il en joue, s'approche des appareils, compte sur eux pour capter les chocs des clefs de son instrument, ou s'en éloigne, histoire d'entamer un peu la présence, jusqu’au moment de mettre un terme au concert (
Closing). La messe est dite ; le message délivré ; le solo éblouissant.
Chroniqué par
Grisli
le 23/05/2005