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The Evpatoria Report

: Golevka



sortie : 2005
label : Shayo Music
style : Post-rock

achat/téléchargement

Tracklist :
01/ Prognoz
02/ Taijin Kyofusho
03/ Cosmic Call
04/ C.C.S Logbook
05/ Optimal Region Selector
06/ Dipole Experiment

Calme — explosion, calme — explosion, calme — explosion, etc. On pourrait croire la formule musicale vieillie, épuisée, mille fois rebattue à nos oreilles et dépourvue désormais du moindre intérêt. Et, c’est vrai qu’elle est bien connue cette formule. Mais quelques groupes savent encore en tirer une magie qui la rajeunit à chaque fois et la faire sonner de manière inédite. On pourrait même en dresser la liste. Ce serait long et fastidieux, dépourvu de pertinence, d’autant qu’on en oublierait sans doute certains. Or, on ne pourrait manquer d’y faire figurer The Evpatoria Report que Golevka, leur premier album, place au premier plan d’une scène post-rock européenne en pleine émergence.

De Prognoz à Cosmic Call, un semblant de regret ponctue l’écoute : celui de ne pouvoir s’empêcher de penser à GYBE! et à Mogwai parce que, tout en sachant que ces références sont excellentes, on sent que l’on passe à côté de ce qu’une oreille innocente ne pourrait manquer de saisir. Une musique authentique, résolument tournée vers le cosmos (« Evpatoria » est le nom d’une ville de Crimée où un observatoire de la vie extra-terrestre est basé), toute en différences, en moments qui se détachent sur fond de cohérence harmonique, proposée à l’auditeur par une interprétation sans failles, impeccable.
Progressivement, ce regret s’estompe. On découvre autre chose à mesure que s’imposent des marques plus personnelles à la manière de ce rythme de batterie sur C.C.S Logbook qui emporte loin d’eux-mêmes les guitares et le piano électrique, décrivant ainsi une sorte de conflit entre leur état d’apesanteur et son hyperactivité terrestre. Ce conflit sera moins résolu dans cette communion apparemment indiquée, après une pause, par les deux dernières minutes du morceau, qu’il ne s’interrompra purement et simplement dans cette fin abrupte, cette coupure, qui en est la seule issue possible. Manière de dire que les tensions ou conflits qui animent la musique ne se résolvent pas forcément. Parfois, ils ne peuvent qu’être ajournés, renvoyés à une date ultérieure, comme un but que l’on poursuit et qu’il faut atteindre d’une autre façon, ce que s’efforcerait dès lors de faire Optimal Region Selector qui présente à nouveau le conflit, non sous la forme d’une opposition entre instruments, mais entre moments d’un même morceau. Présentation plus classique, moins intrigante aussi, mais dont l’efficacité est sans doute plus directe.

Vient alors, pour conclure, le temps de Dipole Experiment, pièce qu’on dirait issue d’un concerto pour orchestre et quintet rock et à laquelle on aurait pu ne rien entendre si elle n’avait été patiemment préparée par les cinq premiers morceaux de Golevka. Les chœurs y dialoguent avec le groupe, des sonorités électroniques fournissent quelque transition, atténuant de la sorte la tendance globalement néo-classique de cette pièce dont le final a quelque chose d’effrayant par sa démesure et de sublime par les régions qu’il évoque.
Apothéose symphonique du post-rock ou apogée du kitsch ? À mon sens, le débat n’a pas lieu d’être tant cette ultime expérience est une réussite. Elle appartient à ces morceaux qui ne vont pas forcément dans le sens des goûts que l’on croyait être siens, mais qui vous conquièrent cependant.

The Evpatoria Report nous aura ainsi conduits fort loin dans ces voies que l’on pensait bien connaître. C’est donc dans la distance parcourue par Golevka que l’on en appréciera toute l’originalité.


Chroniqué par Jérôme Orsoni
le 14/05/2005

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2 commentaires

par Martial Vout (le 17/04/2007)
Un séisme... Je pourrais écrire un long métrage pour chaque morceau de Golevka.
C'est plein, nourrissant, triste, poétique,etc. Autant d'ingrédients pour nourrir mon imagination. Je vous dis pas les nuits passées avec vous. De plus, nous venons du même coin. Yverdon. Les lay lines, la vibration particulière. A bientôt.
http://wraxe.blogspot.com
par Wraxe (le 07/04/2007)
J'ai découvert le post rock avec Godspeed You Black Emperor. J'ai cru que j'avais tout vu et je suis tombé par hasard sur cette critique.

Et j'ai redécouvert une nouvelle facette du Post Rock. Proche de GYBE mais si différent à la fois.

Cet album est une pure merveille. En 6 morceaux, on passe d'une naissance à un viol marqué par la fin si abrupte de "C.C.S. Logbook". C'est exactement ça, un viol musical qui s'offre le luxe de reprendre vie dans les morceaux suivants.
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