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Ulan Bator

: Rodeo massacre



sortie : 2005
label : Jetrai/Venus
style : Post-rock

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Tracklist :
01/ fly.candy dragon.fly!
02/ god:dog
03/ Pensées Massacre
04/ Tom passion
05/ Tourture
06/ La femme cannibale
07/ 33
08/ Instinct
09/ Souvenir

Ceux qui espéreraient retrouver dans ce Rodeo massacre ce qui leur fit aimer Ulan Bator dès 1995 risquent fort une déception mortifiante. De la formation d’origine, depuis l’album Nouvel air, sorti deux ans plus tôt, précisément, ne reste qu’Amaury Cambuzat. Des expérimentations parfois bruitistes, souvent rageuses, auxquelles le premier trio prenait un plaisir jubilatoire autant que communicatif à s’essayer, ne reste que l’aumône que veut bien nous faire parfois la formation franco-italienne d’un son de guitare ou de basse un peu lourds, gras, distordus, en écho, au détour d’un God :dog ou d’un Instinct. La répétitivité hypnotique d’un Haupstadt a définitivement laissé place à de simples mélodies de fond, qui ne se répètent que par prétexte, pour ménager l’espace d’un trait de violon, de saxophone ou à ce qu’il va bien falloir se résoudre à considérer comme une authentique alternance de couplets et de refrains (le déroutant La femme cannibale). La voix d’Amaury Cambuzat elle-même, d’ailleurs, apparue sur Ego :echo où elle savait s’entêter, hantée, à habiter par ses intonations décalée des mélodies aussi insensées qu’elle, prend ici les commandes et le pouvoir, oublie de se murmurer pour se faire chant, d’un lyrisme plus suave encore qu’elle ne l’avait osé sur Nouvel air. En un mot, ce Rodeo massacre-là, malgré son titre typiquement ulan batorien (peut-il ne pas faire songer à l’emblématique Cheetah carnage de Polaire ?), lève toute ambiguïté : Ulan Bator a bien changé, l’opus précédent n’était pas une simple erreur de parcours, une divagation passagère ; et si l’on retrouve encore quelques échos de ce que fut le groupe, c’est dans un tout nouveau dispositif d’ensemble.
Ceci étant dit, il resterait à s’intéresser au nouveau voyage auquel nous invite le groupe, à voir où il veut aller. Il faudra bien reconnaître alors que si, à comparer cette nouvelles sortie aux premières épopées, on peut lui trouver de faux airs de petite promenade digestive, elle n’en reste pas moins éloignée, en vérité, des sentiers les plus battus et rebattus. Disons-le : Ulan Bator impose ici un rock massif que rien ne rapproche de la variété dominicale ou de ce rock bon teint que l’on sirote en terrasse d’un café du commerce au sortir d’une grand-messe cathodique aux accents jeunistes. Et si l’on peut avoir quelques doutes quant aux textes (en anglais ou en français, parfois même assortis d’un doublage italien, comme sur La femme cannibale), qui prennent désormais tant de place, l’orchestration, elle, et les différents passages instrumentaux, qui savent si bien alterner entre d’élégantes nappes d’amertume doucereuse et de destructrices explosions, sont hors de portée des plus mauvaises langues. Délaissant la patience des constructions complexes et torturées de ses débuts, Ulan Bator démontre ici toute l’efficacité de sa concision nouvelle, au risque de paraître parfois quelque peu expéditif, peut-être, mais de façon, surtout, à se tenir toujours au cœur même de l’action.
Et il faut bien reconnaître que le disque contient quelques belles pièces. Le très inspiré God :dog en tête, véritable coup de maître, endiablé et ravageur, peut-être à peine trop millimétré diront certains, mais si bien serti qu’il serait ingrat de bouder le plaisir qu’il ne saurait manquer de susciter. Tom passion, ensuite, qui organise un dialogue à trois voix entre une section rythmique basse-batterie quelque peu pesante, les humeurs tranchantes d’une guitare aérienne et les langueurs d’un violon mélancolique, au milieu duquel le chant, traînant, n’a finalement que peu à dire. Il faudrait encore citer cette étrange Femme cannibale dont on risque fort de ne savoir que penser et le doux Souvenir qui clôt avec raffinement le chapitre.
Le principal défaut de ce Rodeo massacre ne serait-il pas alors d’être un album d’Ulan Bator ? On pourrait d’ailleurs se demander quelle pertinence il y a pour Amaury Cambuzat et sa nouvelle bande à battre ce pavillon-ci, si l’on n’avait peur de n’y pouvoir trouver autre chose qu’une intention promotionnelle, tant il est vrai que, de plus en plus, tout sépare ce groupe de ce qu’il fut à l’époque où il répétait et enregistrait dans une ancienne mine de charbon. Peut-être, plus charitablement, peut-on penser, sur la foi des réminiscences de l’ancien temps qui se laissent entendre çà et là, que le groupe a tout simplement grandi, qu’il a su se digérer lui-même, intégrer son passé comme une influence déterminante dans sa nouvelle évolution, s’utiliser, en quelque sorte, sans se répéter… ? Reste que ce nom risque fort au final de desservir plus qu’il ne servira, la déception de ne retrouver que lui, qui la première sautera aux oreilles, ayant toutes les chances d’en empêcher beaucoup de jouir pleinement de cet album.

Chroniqué par Cédric Chort
le 08/05/2005

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1 commentaire

par tom tom (le 01/06/2008)
Trop de mauvaises surprises hélas sur ce nouvel album d'Ulan Bator !
La qualité de cet album est gâchée par certains titres (comme notamment "33") qui ne sont rien de plus que du remplissage, servent de fourre-tout, un album cinq titres aurait été plus sage et plus honnête surtout, mais là, ça sent l'escroquerie.

Domage car sur des titres comme "Torture ", "Instinst " on se reprendrait presque à rêver, à se dire que le Ulan Bator du début repointe le bout de son nez, malheureusement des morceaux comme "33" et "Souvenir" nous ramènent brutalement à la réalité : Ulan Bator est bel et bien mort. Et définitivement j'en ai peur...

"Pensées Massacres" est un titre gentillet et beaucoup trop facile, qui aurait pû être écrit par un groupe de pop-musique mais certainement pas par un groupe qui veut jouer dans la cour du Rock avec un un grand "air"... Car en fait des airs, Amaury Cambuzat s'en prend, et des grands ! Sa façon de chanter (sa voix tout simplement) respire la vanité à pleines narines (écoutez "Souvenir" et vous comprendrez, c'en est presque risible).

Ainsi donc, après une écoute attentive de ses derniers albums, force est de constater que les disques d'Ulan Bator n'ont plus rien à faire dans les bacs. Et c'est bien dommage.
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