Affirmer que
Paris Zax opère dans l’ombre est un véritable euphémisme ; producteur de l’excellent
Imaginary Places et du maxi
Avantcore pour
Busdriver, proche des
Shapeshifters, cet acteur majeur de la scène hip-hop californienne fait pourtant figure de nouveau venu à l’annonce de la sortie de
Unpath’d Water, premier album instrumental entièrement produit par ses soins.
La liberté du format solo ne propulse pas pour autant
Paris Zax sur le devant de la scène. Discret, celui-ci le restera tout au long du disque, dominé par des rythmiques feutrées et une atmosphère étrange, entre les films noirs des années cinquante (
Way Ahead), l’arythmie d’un
Little Johnny From The Hospital (
Traumatic Condition) et l’abstract hip-hop du second opus de
Pelican City (
Mescaline Flowers). Dans cet univers cinématographique,
Paris Zax n’invite aucun rappeur, mais de nombreux musiciens (sax, flûte, guitare etc.), comme sur le jazzy
The Blue Eye Ear et
High Tide qui, sans être forcément déplaisant, relance le débat sur le passage à la composition stricte chez les producteurs hip-hop.
Le passage de la MPC à ce qu’on pourrait appeler la partition divise en effet la critique : parfois réussi, ce pari devient souvent anecdotique. Sans aller aussi loin dans le cas de
Unpath’d Waters, difficile de nier que les productions purement jazz peinent à convaincre, et souffrent de quelques longueurs. Dans cette perspective, les meilleurs passages de
Unpath’d Waters restent les titres plus orientés vers l’abstract hip-hop, comme
Connective Tissue, privilégieant une instrumentation plus minimale. Cette impression revient également avec les sonorités acoustiques de
High Tide, qui peinent à renouer avec les ambiances plus soutenues, et avant tout plus denses, des morceaux suivants,
Mescaline Flowers en tête.
Malgré ces remarques, et un travail parfois répétitif sur les rythmiques,
Paris Zax s’en sort plutôt bien, notamment avec le songwriting final de
Mellow Mission. Ceux d’entre-vous qui cherchent un bon disque de downtempo seront certainement séduits par la majorité des titres de
Unpath’d Waters, qui renoue avec les images sombres de
Rhode Island de
Pelican City ou encore
Doubts And Conviction des
Troublemakers. Par contre, les inconditionnels du son plus rapide de
Imaginary Places risquent de passer leur chemin, en attendant la sortie imminente des album d’
Existereo chez Institubes et Alpha Pup Records.
Chroniqué par
David Lamon
le 05/05/2005