De l’importance des cuivres et de leurs emportements ravageurs, les brass bands ont souvent donné des preuves. Souvent efficace, pour peu qu’elle soit provoquée par d’excellents musiciens, une rencontre de trompettes, trombones et tubas, n’en est pas pour autant inapte à la diversité.
C’est le constat du trompettiste
Paul Smoker, qui, d’un solo de phrases inspirées (
Solo Prelude) indique le chemin que devra suivre sa
Brass Reality. Terminées, les envolées soutenues de graves impénitents et les hachures rythmiques collégiales, l’alternative est là, qui fait la part belle à un capharnaüm de répétitions et d’interférences (
Fractals, Part 1), ou qui instaure une tension sous-jacente maître des développements (
Fanfare & Procession).
Imprécateur patient, le percussionniste
Phil Haynes accompagne élégamment l’entrelacement de cercles formés par les tubes, ou l’interprétation de canons déroutants, dans une cacophonie jubilatoire en équilibre (
Waltz). Plus loin, il invite superbement les cuivres à tisser à l’unisson un au revoir réconfortant (
Coda : Brass Reality).
De son côté, l’initié
David Taylor fait de ses interventions au trombone des appels à la démesure. Sur un développement oscillatoire, il organise des funérailles d’un clinquant mexicain, et tournées vers l’espoir (
Alice’s Legacy). Ou comment trouver le réconfort dans des essais mélodiques trompe(tte) la mort.
Car la grande qualité du quartet est de se moquer : du tiers de ton comme du quart, et de l’habitude contrariante des rassemblements de cuivres. Se plaisant à jouer des courts-circuits (
Harmon City),
Paul Smoker pousse, avec
Brass Reality, la malice jusqu’à tout faire disjoncter.
Chroniqué par
Grisli
le 02/05/2005