Difficile d’oser une description des travaux de
Günter Müller. Périlleuses, les tentatives de percer au jour les moyens et manières appliqués à l’élaboration d’une oeuvre (presque) toujours énigmatique, voire insaisissable. La musique électronique expérimentale pour toute constante, commencer par chercher des indices du côté des conditions d’enregistrement.
Ainsi,
Perspectives présente, retouchées à tour de rôle par
Müller et son compatriote
Steinbrüchel, des performances publiques menées ensemble dans cinq villes d’Europe. Genève, d’abord, où un développement sage subit des élongations de compulsions étouffées, accueille des parasites, et explore de manière exclusive des parallèles tout justes établies (
Geneva, Part I). Genève toujours, ou les ondulations d’une basse atteignent et effritent des aigus suspendus (
Geneva, Part II).
A
Berlin, on s’empare d’insectes nocturnes réinventés, puis on les dispose sous cloche, où un buzz court déjà. Sagement, les harmoniques créées par un amalgame de nappes raccourcies y rêvent d’une tonalité seulement décorative. A
Paris, on écoute la grenouille des origines de Brisset, avant - cela peut arriver - de connaître l’ennui. A
Basel, on abandonne les déplacements aériens pour entamer une plongée en eaux profondes, et en apnée.
Le jeu des résonances conduit ensuite
Bologna à concevoir une musique concrète inédite, que
Müller et
Steinbrüchel envahissent sans peine en trouvant un itinéraire bis aux parcours habituels. Enfin, Paris, une dernière fois, sur les pas du guide
Hervé Boghossian :
Paris aux_ répète à l’envi des fréquences stridentes jusqu’à extinction naturelle des feux. Là se trouve le charme de
Günter Müller : arriver à faire de sa musique un élément particulier de nature, tout autant qu’un complément amène du décor.
Chroniqué par
Grisli
le 18/04/2005