Non,
enregistré par steve albini n’a pas été enregistré par Steve Albini ! Et, pourtant,
the ephemera’s worship est une démo que le leader de
Shellac ne désapprouverait certainement pas. Pas d’imitation toutefois : si le groupe s’inspire de son aîné, il augmente, avec justesse, cette référence de touches toutes personnelles comme ce saxophone aux sonorités free qui plane sur le disque.
Cinq morceaux denses et explosifs, mais qui savent toutefois laisser la place libre à des plages d’improvisation qui ne sont pas sans rappeler, parfois, les joutes d’
Akosh et de
Noir Désir, comme c’est le cas sur
capitalism.
À peine plus de trente minutes urgentes durant lesquelles les membres du groupe s’évertuent à défaire ce qu’ils ont tout d’abord fait comme pour échapper à la monotonie que la violence manifeste des compositions risquerait de leur imposer. On en jugera avec
le progrès, morceau tout en circonvolutions, dont le crescendo final laissera l’auditeur haletant. L’improvisation vient ainsi enrichir la musique, permettant de varier les structures et les ambiances et, élevant un morceau comme
je sourirai sur une autre danse, au rang de labyrinthe musical, interdit de parler d’une musique qui évoluerait tant elle semble se révolutionner elle-même à chaque minute.
On regrettera cependant que les murs sonores construits par le trio guitare-basse-batterie étouffent la voix qui, pourtant, hurle. C’est peut-être un choix et l’on sent, notamment lorsque les textes sont en français, que l’on cherche à nous dire quelque chose. Mais, cela, si on le devine à l’aide des titres, on peine vraiment à le déchiffrer.
Qu’importe ! rétorquera-t-on à raison.
the ephemera’s worship efface ces regrets en venant clôturer, à l’aide d’une mélodie qui tourne parfaitement sur elle-même, la boucle ouverte par
joy & co. Le morceau récapitule toute l’inventivité dont
enregistré par steve albini a su faire preuve et dont atteste le final qui, tout à fait étranger à la légèreté du commencement, vous laissera sourds…ou bien fébriles et pressés de relancer cette boucle éphémère qui s’achève à peine.
[Vous pouvez écouter
the ephemera's worship sur le site de
enregistré par steve albini]
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 11/04/2005