Si l'histoire du free jazz a beaucoup à voir avec la géographie scandinave, ce n'est pas seulement parce que la Suède, entre autres pays concernés, a réservé un accueil salutaire à plusieurs représentants de premier ordre de la New Thing. Attirés par la formule, nombre de musiciens locaux ont investi le champ des expériences, pour en proposer, au final, d'originaux aspects.
Extraits de deux concerts donnés à deux ans d'intervalle par le trio du pianiste
Per Henrik Wallin,
The Stockholm Tapes nous offre un retour dans les années 1970, et prouve l'investissement plus qu'inspiré d'autochtones convaincus.
Lars-Göran Ulander, tout d'abord, qui, d'un long solo serpentin de saxophone, introduit
E.V., composition soutenue pas l'énergie indéfectible du batteur
Peter Olsen. Au piano,
Wallin propose des graves étudiés, tente quelques canons en réponse aux progressions du saxophone, ou introduit de courtes parcelles déstructurées de blues ou de ragtime.
Car si la concentration est de mise, elle n'interdit pas pour autant les interventions ludiques. Après un solo étiré pendant lequel
Olsen embrasse la batterie tout entière, saxophone et piano investissent
Wuppertal au moyen de cavatines hispanisantes, avant d'entamer un jeu de massacre bénéfique sur phrases musicales sacrifiées.
Suivent deux improvisations enregistrées deux ans plus tôt (1975). Inaugurées par des dialogues saxophone / batterie, elles relèvent d'une appropriation par le trio d'un free intense et éclairé. Quand l'une voit
Wallin opter pour des amas de notes en résonance en guise de réponse aux digressions hachées d'
Ulander (
A Jive In July - 75, Live!), l'autre lui fait préférer les accords frénétiques, que l'on plaque et qui forment l'essentiel de ressources défensives indispensables (
This Time Is Newt Time Now).
Témoins d'une époque particulière en un lieu bien précis, le trio de
Per Henrik Wallin a pu démontrer que, si la modernité est universelle, elle a aussi besoin de terres d'accueil bravant les réticences pour pouvoir, enfin, mettre tout le monde d'accord.
Chroniqué par
Grisli
le 05/04/2005