Accueil | dMute

Room 204

: Trans Panda



sortie : 2005
label : Collectif Effervescence
style : Post-Rock / Rock Instrumental

achat/téléchargement

Tracklist :
01/ Gaterade
02/ Picinic Panic
03/ Turkey
04/ Fire Bass
05/ Flex Over
06/ Isospar
07/ Panda League
08/ Animal Copter
09/ Robanukah

Les Grecs se posaient de drôles de questions. Par exemple, ils se demandaient à partir de quand un tas de sable cesse d’être un tas de sable. Si j’enlève un grain, le tas de sable est toujours un tas de sable. Mais, si j’en enlève un autre, et un autre, et un autre…à partir de combien de grains de sable enlevés, n’a-t-on plus un tas de sable ? Deux grains de sable, est-ce encore un tas de sable ?

Devant la prolifération actuelle des duos, je me suis posé une question similaire : deux musiciens, est-ce encore un groupe ? Peut-être n’est-ce pas en fonction du nombre de musiciens qu’il faudrait décider de la question, mais plutôt en fonction de l’énergie dégagée, de l’intensité de la musique. Selon ce type de critère, Room 204 est assurément un groupe. Dès lors, le paradoxe est que, en faisant le pari de l’intimité, il parvienne à agiter la musique plus que si ses membres étaient dix.
Trans Panda est un disque jubilatoire, riche, qui tente constamment d’échapper à la linéarité et y réussit la plupart du temps. Fire Bass en est un exemple : là où d’autres groupes auraient d’emblée posé la mélodie principale, Room 204 choisit de ne la délivrer qu’après avoir tourné autour d’elle pendant près de deux minutes. Lorsqu’elle se fait entendre, c’est pour être aussitôt magnifiée dans une surdose de saturation accompagnée d’une batterie dont le seul but est de faire trembler la terre.

Si Room 204 innove, à mon sens, ce n’est pas tant dans les harmonies ou les mélodies que dans la manière dont sont exploitées les possibilités ouvertes par des arrangements dont seul l’essentiel est conservé puisque l’on n’est plus que deux à faire de la musique.
Si la guitare indique souvent le chemin, la batterie (parfois soutenue par une basse : Fire Bass et Isospar) ne se contente pas de la suivre aveuglément. Contrairement à ce qui se passe bien souvent chez The White Stripes, la batterie acquiert une fonction quasi-mélodique et non seulement rythmique. La conséquence est manifeste sur Gaterade, Picnic Panic ou encore Panda League. Sur ce dernier titre, en effet, c’est elle qui imprime un mouvement au morceau, se faisant tour à tour roulante, déstructurée, rythmique, soliste.

C’est peut-être Robanukah qui fait le mieux entendre la liberté de ce duo : derrière la violence évidente de certains riffs, les structures évoluent sans cesse — modifiant ainsi le sens de ce que l’on tenait pour violent — jusqu’à ce que l’impression première s’efface insensiblement, pour se faire entendre à nouveau, légèrement modifiée. L’impression première est donc rappelée à l’ordre dans l’écoute, mais elle ne peut plus être mobilisée telle quelle, l'ambiance ayant été modifiée. Trans Panda est plein de ce genre de courses de désorientations, accessibles à qui voudra bien écouter.

Ainsi, Room 204 est un groupe, au sens plein du terme, pas de doute. Mais, il y a plus : avec Trans Panda, Room 204 s’affirme comme un excellent groupe, ce qui est une nuance de taille.

Chroniqué par Jérôme Orsoni
le 16/03/2005

Partager cet article :


A lire également sur dMute :
Balloons
(2010)
Kythibong
Math-Rock
Reportage
(27/03/2006)
@ Café de la Plage



0 commentaire
Laissez un commentaire
Nom (obligatoire)
Mail (ne sera pas publié) (obligatoire)
Site web (facultatif) Recopier le code ci-dessous (obligatoire)



dim. 14/04 - Chronique
Drahla - Angeltape
mar. 09/04 - Reportage
Autechre @ Le Trianon - 06-04-2024
dim. 07/04 - Blog
Dinoh - Deuxième Premier
ven. 05/04 - Blog
Hannah Miette - Hannah Miette
ven. 29/03 - Chronique
Rank-O - Monument Movement
jeu. 28/03 - Chronique
Halo Maud - Celebrate
mar. 26/03 - Chronique
Daudi Matsiko - The King Of Misery
 newsletter : 
ok





Equipe/Contact  |  Partenaires  |  Présentation  |  Crédits  |  Newsletters