Premier projet du nouveau label parisien Daruma,
Le Tonite Show est un concept original de CDVD – comprendre : un album émoustillant de quatorze titres et un court-métrage mêlant une série de clips hétéroclites (flash et vidéo) et une interview à l’humour décalée et absurde présentant les trois membres du groupe, Al, Pat et Gé, sous forme de petits personnages animés, un peu à la manière de
Gorillaz. Si tous les morceaux n’ont pas droit à leur vidéo, celles réalisées ont le mérite de ne pas se cantonner à être de simples illustrations de la musique. Jouant à quatre mains, images et sons s’enrichissent mutuellement, comme sur le très noir
Street of Marseille, visiblement inspiré par les films noirs américains.
Le métissage semble avoir été le principe à l’origine du projet ; en plus de la vidéo et de la musique,
Obake mélange les genres. Chaque morceau est un alliage subtil entre le synthé downtempo de Al, tantôt déglingué et déjanté (
Pump), tantôt rétro et cosmique (
Space 50), et la guitare rugissante (
Guitar and Drums) ou funky (
Funky Angels) de Pat. Souvent soutenu par une imposante basse, cet électro-rock sait se faire hypnotique et planant avec ses rythmes lancinants (
Invader,
Shine!). L’exemple le plus explicite en est certainement
Time Is Money, morceau hommage au mythique
Pink Floyd dont le titre reprend ceux de deux pistes de l’éternel
Dark Side of the Moon.
Obake aime également panacher les ambiances et passer des atmosphères parfois angoissantes de notre Occident industrialisé –
Les Temps Modernes de Charlie Chaplin ont, semble t-il, donné des idées à Gé – aux charmes oniriques de l’Arabie (
Summer Morning) et de l’Orient (
Oriental Garden). Mais le trio n’est jamais meilleur que lors du titre final,
No Pop, puissant morceau parcouru de décharges électriques, de beats crépitants et de nappes de synthé spectrales. Notre seul regret concerne la durée des compositions, relativement courte, qui gâche quelque peu le plaisir. Patchwork visuel, saveur musicale,
Le Tonite Show présage le meilleur pour
Obake.
Chroniqué par
dfghfgh
le 25/02/2005