Strangers in stereo est la première sortie d'un artiste extra-hexagonal chez la maison angevine Egotwister, parce qu'au-delà des frontières,
Kuma partage bel et bien l'esprit du label français : le goût pour une musique DIY, weird & fun ! Cet album-là se vit comme un battle entre
Kuma et son alter ego
Yoo-Klid, avec pour terrain de jeu une borne d'arcade, évidement. Soyez prêts à une confrontation fructueuse !
Qui dit arcade dit technologie old school, le vocabulaire musical est donc à l'avenant, dans des sonorités 8-bit : bourdonnements de tension électrique, bleeps cheaps ou couineurs, et (breaks)beats moites, voire carrément lo-fis. A partir de ces éléments, faire de la musique avec un ordinateur, c'est combiner des blocs, et
Kuma l'a bien compris, comme le prouve
Maturg, qui détourne une sonnerie téléphonique et émule musicalement Tetris. A côté de ça,
Mydroïd ver 2 (cowboy) est plutôt casse-briques, avec ses rebonds fracasseurs, et ainsi de suite, le disque s'apparentant à une salle de jeux vidéos aux dix attractions, parmi lesquelles on signalera encore
Huffduff, space-invaders-like qui s'affole, et
Oiacu, qui se propulse dans les high scores.
Entre les ritournelles naïves et "kitch kitch" d'
Olaf Hund et le
Bogdan Raczynski de
Boku Mo Wakaran, le travail radical de
Kuma fascine comme les bons vieux écrans trichromes, entre perversité - voire violence - des rythmes electronica, et naïveté des boites à musiques simplettes (
Yrak). Les gameboy kids me comprendront : on retire de
Strangers in stereo la même jouissance vidéo ludique, primaire, malsaine, et pré-psychédélique qui a fait paniquer des générations de mamans devant les héros frénétiques et gobeurs de champignons magiques de leurs bambins. Un mot enfin sur l'objet, puisqu' Ego Twister est une fabrique de disques potentiellement cultes (entendez rares et fétiches) : l'artwork est superbe (l’image si contre n’est qu’un recadrage, il se lutine des yeux sous tous ses détails
ici,
là,
et encore là, le tout est vendu 7 euros. C'est fou ce que parfois, la régression a du bon.
Chroniqué par
Guillaume
le 15/02/2005