Olivier a vu la lumière. Du genre éblouissante. Après une
Snow party d'un relatif classicisme laptop, on ne sait pas ce qui s'est passé, ce qui se passe, c'est comme si
Brian Wilson (
Beach Boys) venait mettre la main au mulot, tout sourire : voilà
Hello Spiral, recueil d'une electronica touchée par la grâce d'une pop fanfaronne.
Pour cet album frais et débordant d'imagination,
O.Lamm a convié un casting d'amis (
Black'n mate,
Domotic,
Davide Ballula,
The Very Ape,
Zoé Wolf ou, par échantillons interposés
Sutekh et
Hypo, entre beaucoup d'autres), ainsi qu'une petite ménagerie (
La Variable Poney, "the bloody tiger", un panda photographié dans le booklet), et encore quelques sources majeures d'inspiration (
Thomas Pynchon,
David Foster Wallace), qui participent chacun à leur façon à un disque magnifique et tourbillonnant. Dans ces treize titres décomplexés, on serpente enthousiaste, aux sons de chorales, de bleeps gazouillants et de glitches joyeux.
Ambitieux et dense,
Hello Spiral n'en finit pas de gribouiller des humeurs, de griffonner une poésie de murmures dans les interlignes, de taguer ses inspirations romantiques (touchants
Bruises,
Lucifer Amp Song No. 667: Fall Off The Boat...) en se jouant de tous les grooves (electro-acid sur
Street Cred). Dans cette matière biomorphique, chaque son fonctionne comme une nanomachine-nanocellule autonome qui se multiplie, fusionne, mute avec ses pareilles à toute vitesse au profit d'un organisme d'ensemble, comme un végétal qui développerait à vue d’œil ses excroissances fleuries. On dévale les cercles concentriques de cette spirale enjouée comme un toboggan, croisant les réminiscences des virages précédents tout en glissant toujours plus loin, tandis que défile toute une variété de voix et de bruits, dans une polyphonie où chaque seconde diffère de la précédente, et pétille d'intelligence (
Rivets In The Skin Of A Flying Fortress Pt. 1 & 2).
Hello Spiral ravit de bout en bout, des "
Bonjour Spirale" à tue-tête en guise d'accueil, à la comptine
Where are you my hero ? - occasion pour les candides
Konki Duet d'embrasser un défrichage click'n cut - en passant par
Kopavogur Revisited & Tennis / Piano In Kyoto, où les boîtes à musiques postmodernes et les rires s'improvisent ensemble dans le même plaisir, énoncé sur
La Variable Poney : "rounding around, and making noise" !
Là, on traverse l'orchestre du nouvel an chinois (
Furry Militaly) ; parfois, on reprend son souffle, aussi, comme avec l'ambient de
Hello Spiral (Shame Spiraling Up Big Time)... Avant que le noisy rock de
Kevin Shield (
My Bloody Valentine) ne se réinvente sur Max.Sp, le temps d'un
That Very Moment: Angel Upheaval 2 de toute beauté -
M83 en aurait des leçons à prendre.
Hello Spiral, ou l'avant-garde qui reprend vie :
O.Lamm y dessine un brillant brouillon, foisonnant d'idées et d'envies, une fantastique "laptop psychedelia" en forme de work in progress euphorisant.
Chroniqué par
Guillaume
le 11/02/2005