20 janvier 1979. Comme la veille,
Anthony Braxton donne à Milan un concert solo d’essence rare : à contrario de ses habitudes, il y interprète, mélangés, compositions personnelles et standards de jazz. Comme celui de la veille (
Solo (Milano) 1979 vol. 1), ce concert est maintenant disponible sur cd (
Solo (Milano) 1979 vol. 2) chez Léo records.
Des postures permises par l’exercice en solo, Braxton explore d’abord l’évolution dans un cadre donné (
Composition 99b,
Composition 118m). Respectant toujours une forme qu’il s’est imposé, le saxophoniste progresse, concentré, élaborant des figures libres ou savantes. Ici, quelques trouvailles éclosent, encouragées par une fluidité sereine – rives soudanaises du Nil sur
Composition 77e – ou déchaînée (
Composition 77g).
Ailleurs, l’instrument devenant la cible principale des expériences en cours, l’accès à un nouveau champ des possibles est permis. Comme un aquarelliste jauge la quantité d’eau souhaitable,
Anthony Braxton, pour estimer comme il faut, entame une étude des dosages (du souffle, du volume ou de l’implication des bruits) sur
Composition 188g. Surveillant sans relâche ses préparations hétéroclites, il n’hésite pas à morceler sa
Composition 77d, pour mieux proposer, toujours à l’affût, de nouvelles combinaisons musicales.
De cette manière, comme souvent chez
Braxton, le jazz côtoie la musique contemporaine. Or, l’éloignent ici l’interprétation d’une bluette (
They say that falling in love is wonderful), ou là les références que sont les standards du jour : un hommage ramassé à
Dolphy (
On Green Dolphin Street), la confection du voile qui sied instantanément au fantôme de
Thelonious Monk (
‘Round midnight), ou l’évocation introvertie d’un souvenir mettant en scène
Coltrane (
Lush life). C’est avec ce souvenir que se termine l’enregistrement. Après lui on peut entendre les seuls applaudissements du disque.
Chroniqué par
Grisli
le 03/01/2005