Chris Bowden est à la fois un compositeur discret et un redoutable jazzman : et ce cher bonhomme nous livre ici une pièce maîtresse. Profonde. Subtile. Vivante.
Slightly Askew est plutôt classique dans la forme pour un album de jazz : il s'articule autour de quatre tracks d'une quinzaine de minutes, mêlant beaucoup d'instruments (notamment des cuivres : n'oublions pas que
Sir Bowden est à la base saxophoniste). Il se permet aussi d'inclure quelques samples et effets électronique ça et là : mais de manière encore plus discrète que sur son précédent album (
Time Capsule).
Non, le style de
Bowden est unique, tout simplement car ce dernier possède un univers tout particulier : sa musique, pourtant jazz, est souvent oppressante (
Only Angst porte si bien son nom;
Zoo Zoo, un brin funky, me fait curieusement penser aux histoires de
Bilal), ce qui ne l'empêche pas non plus d'user d'une sensuelle et chaleureuse voix féminine sur le très posé
Crockers & Killers. Ce dernier (et l'ensemble en général) bénéficie d'ailleurs d'une rythmique maîtrisée à la perfection.
Le seul morceau que l'on pourrait qualifier de 'classique' est
W'p De F'n Doo. On peut y reconnaître les accents toniques du jazz mêlés aux couleurs tellement vibrantes de la salsa : une véritable invitation au voyage.
Après
Time Capsule,
Chris Bowden nous surprend à nouveau et confirme définitivement ses talents de compositeur/interprète, d'un jazz que l'on ne saurait qualifier autrement que de très personnel.
Chroniqué par
Anome
le 29/11/2004