Une nouvelle sortie
Warp est toujours un petit événement en soi, à tort pour certain aujourd’hui que le sacro-saint label mythique s’intéresse au rock ou au folk, à raison pour d’autres, le flair de son (désormais unique) fondateur restant entier, même après 15 ans d’activisme.
Soit donc
Jimmy Edgar (alias
Morris Nightingale alias
Kristuit Salu alias
Michaux …), né et élevé à Detroit, rejeton illégitime des friches industrielles et de la techno, du hip hop et autres street beats mâtinés de jazz ou d’IDM, qui, après un premier album très remarqué (
My Mines I sur M3rck en 2002 sous la double étiquette
Kristuit Salu Vs Morris Nightingale) et un ep en début d’année (
Access Rythm sur Warp) revient sur le devant de la scène avec un mini album fidèle dans l’esprit et dans la construction à ses précédents travaux.
Sous un artwork minimaliste et classieux (signé comme il se doit par les
Designers Republics) se cache une production « electro-IDM-hip hop » au son cristallin et aux breaks millimétrés, avec toujours en fond cette approche new funk, héritage assumé d’une techno retravaillée et décomposée à l’extrême, une sorte de rencontre improbable entre
Metro Area et
Prefuse 73, entre
Akufen et
Dabrye. Le jeune (20 ans) et prolifique trublion choisit … de ne pas choisir entre une approche dancefloor aux constructions toniques et une écriture destructurée, syncopée des rythmes, intégrant le tout dans un maelström goutû et personnel, catchy et minimaliste.
Le kid de la Motor City, ainsi débarrassé des convenances de genres et des « impératifs » de bon goût, dévoile aujourd’hui ce qui est certainement son projet le plus abouti, tant dans la forme que dans le fond. A coup de bleep & click et de nappes finement ciselées, intégrant à merveille des voix (l’excellent
I wanna be your STD) ou des réminiscences soul (
LBLB Detroit),
Edgar peaufine avec rigueur et à propos son nouvel opus et nous gratifie ainsi d’une pépite … Warp still rules !
Chroniqué par
Oropher
le 10/11/2004