Shane Cough, rennais d'origine, avec son premier album
Delight in Disorder dévoile de multiples facettes. Là où
The Prodigy avait réussi le "pari", à l'époque de
Fat of the Land, de réunir les punks les plus acharnés et les teufeurs les plus extasiés en un même lieu pour s'adonner à des sauvageries punkoïdes,
Shane Cough réitère l'opération en y ajoutant un public assez particulier, celui des cinéphiles "glauques". En effet pour éviter de sectariser ce groupe, leur inspiration, en plus d'être éclectique musicalement (
Atari Teenage Riot,
Nine Inch Nails,
PJ Harvey,
Primal Scream), recoupe le monde du cinéma (Argento, Carpenter, Fincher, Lynch). Ainsi le groupe n'hésite t-il pas à extraire des samples de films, le plus souvent d'épouvante, voire à les bidouiller ou à en produire des faux faits maison.
Cette approche musicale donne à chaque morceau de
Delight in Disorder, prédominé par les machines, la particularité d'être un mini scénario en soit, ce qui pourrait faire de cet album une B.O. digne des meilleurs films de "cinglés". Dès la première écoute,
Shane Cough donne l'impression d'agir selon ce concept, et cela lui réussit plutôt bien. Les ambiances aussi enivrantes, terrifiantes que psychotiques (
Smother You) s'enchaînent et s'entremêlent à un rythme effréné le plus souvent à l'aide d'effets tant au niveau du chant de Marianne, qu'au niveau des guitares. Ainsi il n'est pas difficile d'imaginer une scène de poursuite (
Slaughter in Pleasantville... "Who's there? Who's there?"), une scène de tuerie (
Japanese Tea Ceremony) ou encore une scène finale où cette déflagration qu'est l'album laisserait place à une vision de désolation avant de disparaître dans le néant (
Beyond My Reflexion).
En plus de délivrer un album d'une énergie que l'on aimerait retrouver plus souvent,
Shane Cough montre également une maîtrise des ambiances sur un autre support qu'est la vidéo (court-métrage :
Oxygen, valeur morte par Clément Tuffreau). Vous savez ce qu'il vous reste à faire si la soif de découverte vous anime... à bon entendeur.
Chroniqué par
Ashtray
le 23/09/2004