Depuis le split d'
Anti Pop Consortium ,
Beans s’affirme comme le membre le plus prolifique de l’ancien trio new-yorkais, avec à son actif un premier album solo inégal et plutôt décevant.
Now Soon Someday, EP composé de remixes de ses anciens titres et d’une majorité d’inédits entièrement produits par le rappeur, permet cependant de retrouver une certaine fraîcheur, et de se rassurer quant au potentiel de l’intéressé au micro comme derrière ses machines.
Car le disque démarre très fort, avec la basse lourde et le synthé minimaliste de
Structure Tone, permettant à
Beans de dérouler un couplet élastique avant de faire évoluer le titre dans un registre electronica plus déstructuré. Pareil constat pour les nappes denses et cadencées de
Win Or Lose You Lose, les breaks appuyés de
Gold Skull et les boucles atmosphériques du superbe
Crevice, titre introspectif faisant la part belle à un sampling vocal sans fioritures. Tout au plus pourra-t-on reprocher à la production de
Beans une utilisation redondante du synthé, mais les deux remixes de
Prefuse 73 parviennent à clore l’album sur une touche nettement plus feutrée. En revanche, le travail d’
El-P sur
Mutescreamer n’apporte pas grand chose à l’édifice, si ce n’est un nouveau débat sur le déclin avenant du patron de Def Jux.
Au-delà de la qualité constante de ses productions,
Beans impose sa patte grâce à un flow technique et varié, et une plume hors du commun. En témoignent les envolées rapologiques de
Gold Skull ou encore le pogo stick verbal de
Composition In Void, débordant d’images et d’assonances («Instintively maternal fluctuating flotting, a fiddler, a top, a river of rythm, as good as any»). Toujours entraînants, les couplets se succèdent sans accroc, excepté les réminiscences eighties de
Win Or Lose You Lose, qui alourdissent considérablement la fin du titre. Enfin, impossible de passer à côté du déjà cité
Crevice, réflexion tout en subtilité sur les blessures infantiles du rappeur, qui parvient à éviter toute victimisation gratuite pour accoucher d’un texte qui ne laissera que peu de monde indifférent.
Au final,
Now Soon Someday dévoile donc à son auditeur un
Beans en pleine forme et beaucoup plus mature que sur son précédent opus, malgré les quelques légers bémols évoqués plus haut. Ajoutez à cela une marge de progression considérable, et vous comprendrez pourquoi son second LP risque de rappeler aux fans de la première heure combien les cendres d’
Anti Pop Consortium peuvent se révéler fertiles… The shit is still slammin' !!!
Chroniqué par
David Lamon
le 25/06/2004