Après s’être fait un nom sur les désormais classiques
Ceci n’est pas un disque et
Buffet des anciens élèves, et peu avant d' avoir produit deux titres de
Dans le club,
Para One créait la sensation avec un premier EP paru sur le label de
Tekilatex, Institubes. Une véritable affaire de famille, d’autant plus que deux membres de
TTC malmènent le micro d’entrée de jeu pour un premier titre d’anthologie.
Une avalanche de scratches millimétrés signés
Orgasmic le Toxicologue, un beat minimal et torturé et une basse lourde, le tapis rouge est déroulé pour
Cuizinier,
TES,
d’Oz et
Tekilatex qui s’affrontent dans une joute verbale du plus bel effet. Une fois n’est pas coutume, mention spéciale pour le fils spirituel de Casimir et ses rimes porno-nerd, suivi de près par un Cuiz’ en grande forme (« Je veux tuer le son, le faire suer, qu’il pue, le rouer de coups, lui trouer le corps, lui casser ses cordes, effacer vos notes »). KO technique : le tube de l’hiver dernier, qui s’apprécie également dans sa version instrumentale grâce à la subtilité de la programmation de
Para One.
Mais l'intéressé ne s’arrête pas en si bon chemin, flirtant avec l’électronique déstructurée d’
Autechre sur l’excellent
J’aimerais bien, rajoutant une touche de bounce et de basses puissantes avec le speedé
Turtle Trouble et terminant en douceur et au vocoder sur les samples galactiques et les breaks d’un
Nobody Cares qui met carrément à l’amende les réminiscences animées de
Daft Punk. Le format a beau être court, difficile de nier que l’exercice tourne rapidement à la démonstration, en entraînant l'auditeur dans un univers froid, bigarré et en constante évolution.
Que dire, donc, pour conclure, si ce n’est que
Para One impressionne par la précision et la complexité de son travail tout en composant de véritables hymnes instantanés, comme le confirme
Beat Down. Pas de doute, la scène hip-hop et électronique française tient là son
Prefuse 73, qu’elle devrait surveiller de très près durant les prochains mois…
Chroniqué par
David Lamon
le 10/06/2004