Trois ans après le revigorant
Regeneration,
The Divine Comedy revient avec
Absent Friends, nouvel album, parfaitement maîtrisé sur lequel le grand Nigel Godrich, qu’on ne présente plus, était annoncé à la production. Il se contentera du mix, Neil Hannon s’étant réservé le privilège de mettre en son son oeuvre.
Absent Friends s’annonçait sous de bons auspices et nous ne sommes pas déçus.
Fidèle à lui-même, Neil Hannon offre un album qui ne manque pas d’ampleur – certains diront : de grandiloquence ; mais que veulent-ils ? Neil Hannon reste Neil Hannon. Il possède un style, reconnaissable entre mille.
The Divine Comedy aime le somptueux et le faste. Ainsi cordes, cuivres et flûtes portent-ils en nombre la voix soutenue de Neil Hannon et tous ces éléments s'ajustent parfaitement pour former une pop orchestrale vibrante. Mais rester sur cette seule impression serait vraiment manquer l’essentiel, car tout d’abord la musique de
The Divine Comedy sait, quand il le faut, se faire intimiste, mais surtout elle véhicule un monde fort et prégnant.
En effet, la plume limpide de Neil Hannon enfante des personnages consistants, épais, en un mot : authentique. Dans le morceau d’ouverture, il évoque ses "amis" disparus : l'actrice Jean Seaberg, le poète G. A. Studdert-Kennedy, l'acteur Steve McQueen ou encore l'écrivain Oscar Wilde. Sa voix irradie une mélancolie teintée de gaîté. Et souvent les textes de
The Divine Comedy content des histoires tristes et touchantes comme celles de
Sticks and Stones où l’accordéon de
Yann Tiersen se fait entendre et de
Leaving Today, qui toutes deux évoquent les douleurs que peut provoquer l’amour, ou celle de
The Wreck of The Beautiful qui décrit le sublime et dramatique naufrage d’un navire.
Jamais niais ou béats, même si l’univers de Neil Hannon est empli de romantisme, comme l’atteste la pochette du disque, posant un classicisme très XIXème, ses personnages et ses scènes sont toujours confrontés à l’âpreté de la réalité : si l’enfant de
My Imaginary Friend s’invente un ami fictif, il est toujours ramener les pieds sur terre ; si le voyageur de
Freedom Road, petit, rêvait, ces rêves ne se sont pas réalisés et il reste seul.
L’album décrit aussi des créatures cocasses, tels le Billy Bird qui donne son nom à la quatrième piste et premier single de l’album, homme d’affaire mi humain, mi oiseau, en complet décalage avec sa propre vie et qui court sans cesse pour essayer de la rattraper. Si sur ce morceau, certainement le plus accrocheur, et d’autres,
The Divine Comedy atteint une pureté et une évidence mélodique rare, digne de
Air, et à laquelle les chœurs synthétiques de Lauren Laverne ne sont pas pour rien, notre préférence ira à
Our Mutual Friend chanson absolument magnifique, débordante d’émotions.
Comme toujours certains morceaux sont plus réussis que d’autres, mais
Absent Friends se révèle être un bel album, fruit du travail d’un grand artiste.
Chroniqué par
dfghfgh
le 06/06/2004