D’abord, replacer le disque dans son contexte me parait primordial. Entre l’expérimentation Kitsch de
The Experience, et l’assaut techno rock de
Fat Of The Land, il y a ce
Music For The Jilted Generation. Album pas toujours bien connu par les fans du seul 3ème opus, mais parfois respecté comme le meilleur cru du groupe par les autres.
Ainsi à ce moment de
Prodigy, Keith Flint (devenu depuis, au choix, punk qui se bavouille dessus avec style ou bouffon grandiloquent) ressemble à un hippie, il ne prend pas encore de Rohypnol, et Liam Howlett est encore fermement imprégné de ses virées en rave dans les campagnes anglaises de l’époque. Ce qui à toujours fait la force de ce dernier, c’est l’évidente ouverture musicale dont il fait preuve (écoutez donc son
Dirtchamber Session Vol 1 si vous n’y croyez pas). On ne rechigne donc pas à mélanger des vieux sons dance et des riffs de guitare (dans l’ordre
Break & Enter et
Their Law), de la techno qui transpire l’acide (
Voodoo People) ou du hip hop instrumental et poisseux (
Poison).
Voila pour les titres les plus connus de cet album, n’évoquer que ceux la serait un peu réducteur, car on passerait à côté du reste qui pourtant ne faibli pas de qualité. L’influence très dance est toujours un peu présente, elle avait pu en rebuter certains sur le 1er disque, elle est ici plus habilement diluée dans le reste de l’assemblage sonore, et ne frappe vraiment que sur un titre,
No Good, que le clip, glauque à souhait s’était chargé de désamorcer en montrant le groupe déambuler dans une rave souterraine, avec Monsieur Flint qui se découvrait déjà des talents (certains) de danseur psychédélique. Ca n’engage que moi, mais je pense que ce titre est le moins percutant de l’album.
Pour le reste, c’est du tout bon. Gros travail d’ambiance sur l’ensemble, vieux sons de moog ou de sequencer analogiques (Howlett est vraisemblablement un amoureux des vieilles machines), les titres s’enchaînent sans se ressembler, et je noterais tout particulièrement le très entraînant
3 kilos, et le très pesant
Claustrophobic Sting qui clôture le disque.
Prodigy est un groupe qui n’a cessé de diviser. Trop dance sur le 1er album, trop rock sur le dernier, en fait
Music For The Jilted Generation semble être le parfait intermédiaire entre les deux.
Howlett et sa bande se moquent éperdument du respect d’un quelconque milieu underground, comme il se foutent royalement d’appartenir à tel ou tel autre mouvement musical.
Alors qu’a l’heure d’aujourd’hui, le 4ème disque, mainte fois repoussé, semble finalement terminé, et en dépit du fait qu’il risque de sortir dans un septiscisme général (justifié, l’attente fut longue), on est en droit d’attendre encore quelques surprises de ce groupe qui à su mélanger au fil des années un gros paquet d’influences, mais qui n’a jamais vraiment cessé d’être marginal.
Chroniqué par
WakMc
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