Ce nouvel opus de
END. risque de faire vraiment parler de lui. Résolument moins axé sur une electronica pure et dure, c'est un univers apocalyptique et pourtant typiquement humain qui est ici mis en musique.
Caricatural portrait de l'économie culturelle (en ce sens on comprend mieux les revendications de Charles Pierce, compagnon de route de son homologue de l'hémisphère sud, David Thrussell) et kaléidoscopique maëlstrom des genres et des saveurs,
The Sounds of Disaster s'apparente à une éructation bruyante et révoltée, synonyme de toutes les folies, même contre-nature. Compositions hybridées aussi fiables qu'un clône humain de la première heure, anomalies structurelles et joyeuse hystérie sont les maîtres-mots de ce lp, tout bonnement jouissif et agréablement décalé.
Mais derrière ces considérations métaphysiques en guise d'introduction, on trouve un vrai talent de compositeur. Ca grouille littéralement de samples en tous genres visant à créer une sorte de bande-son anti-conventionnelle et misanthrope, affligée d'une inconstance proche de l'effondrement perpétuel.
Explosif et chaotique, autiste et lucide ... les paradoxes sont l'essence même du travail de Charles Pierce, qu'on imagine presque à l'image de sa musique : une sorte de héros des temps modernes qui aurait troqué son collant bleu électrique pour une blouse de scientifique allumé, persuadé d'obtenir une part de privilège divin car son esprit serait capable d'élaborer l'inédit, l'atypique.
D'un point de vue strictement sonore, on se délectera de ce mélange corsé d'electro-jungle frénétique et disloquée, agrémentée de rockabilly, de guitares surf-rock, de funk de supermarché ou de sithar westernesque.
On pense à
SNOG, le discours subversif en moins, et puis on se repasse le vinyle, séduit par cette liberté récréative, hors de tout cliché.
Une vraie claque, celle qui fait du bien et qui remet les idées en place, s'apparentant à un défouloir intellectuel, salvateur par les temps qui courent. Le son du désastre en fait..
Chroniqué par
Yragael
le 13/04/2004