Pour célébrer sa 6° production en date,
Rajna a vu les choses en grand : 12 nouveaux morceaux, 2 mixes tirés de ces derniers, un titre live en video, provenant de leur seul et unique concert à ce jour (au "Splendid" de Lille en mars 2000), et un second cd (pour les 2000 premières copies) contenant pas moins de 15 indédites, provenant des sessions de leurs 4 premiers albums, à savoir
Iklesia (en 98),
Ishati (en 99),
Yahili (en 99), et
The Heady Wine of Praise (en 2001). Passée l'esthétique introduction qu'offre le digipack (Louxor et Aswan photographiés par le duo), on prend conscience de la dimension que le groupe a acquise désormais. Chaque plage du cd dispose de son aura propre, de sa couleur, élaborées avec minutie et réussite, proche du compromis parfait entre instrumentation traditionnelle et soucis d'exactitude, en grande partie dûe à une production claire et juste. On y retouve la pléiade d'instruments acoustiques percussifs ou à cordes dont
Rajna a pour coutume d'utiliser les sonorités rares dans ses compositions ; yang t'chin, tabla, dulcimer, sitar, darbouka ou tampura pour les plus célèbres, ainsi que la voix aérienne de Jeanne Lefebvre, aguerrie par une force et une confiance assez impressionnante. On retiendra, au travers de cette opulence musicale, des titres comme le sombre et tourmenté
Buried Philae, l'extatique et volubile
Hé lay, Hé lay ou encore, l'excellent
Dancing with Divinities durant lequel le duo s'essaye avec talent au périlleux exercice de style consistant à allier son electro et lyrisme éclatant ; sans oublier le ténébreux et mélancolique
Glorian ou l'orientalisant
Bihar, tout droit sorti des contes et légendes arabo-andalous. En cd II, un voyage dans le temps et dans la discographie des lillois nous est proposé, véritable invitation à la curiosité et la découverte. L'évolution de
Rajna devient une histoire qui s'écoute et se ressent, d'un passé médieval et ensorcelant, à un présent teinté d'universalité, de mâturité et d'apaisement spirituel. Un dernier mot sur la plage video du cd, qui pose toujours la même question : A quand un retour sur la scène ..?
Hidden Temple semble, à tout point de vue, détenir les secrets de l'envoûtement sonore, celui qui nous ferait presque oublier en quelle année nous sommes... A la fois brûlant et épicé, il n'en fallait pas plus pour éclairer nos mornes journées.
Chroniqué par
Yragael
le 25/03/2004