Du hip hop mais pas seulement. Comme souvent, la qualité émerge du croisement, du décloisonnement, de l’ouverture. Pour son premier album solo, le Dj-producteur
Meaty Ogre, issu de la scène de Chicago et du (plus que) prometteur label Galapagos4, démontre à quel point il a fait sien ces vœux pieux au gré des quelques 20 pistes et 58 minutes que constituent cet opus.
Déjà auteur de quatre maxis instrumentaux et de multiples productions pour des Mc’s de renom tels que
Qwel (sans doute le membre du label le plus connu à ce jour),
Sage Francis ou
Offwhyte (pour qui il a assuré la production de
The fifth sun),
Meaty Ogre parfait ici son style en convoquant mélodies mid-tempo et beats ciselés, s’offrant ici une parenthèse reggae, posant là un riff saturé ou poussant parfois même la chansonnette … C’est tout le talent de l’ancien batteur devenu beatmaker avisé qui s’offre alors à nos avides feuilles de choux. Le format long lui permet de s’exprimer pleinement, alternant instrus légères mais efficaces (au gré d’une guitare, d’un violon, d’un harmonica ou d’une trompette) et pistes rappées où s’expriment de fidèles acolytes (la plupart issu de chez Calapagos4, sa « famille ») tels que
Robust,
Actual Fact,
Denizen Kane,
Qwel ou
Offwhyte. Les influences multiples de
Meaty s’affichent alors en toute sérénité et se complètent allègrement, passant ainsi d’une ambiance poppy joyeuse à un son plus dark et introspectif, de sons oldies à de courtes distorsions électroniques, mais avec toujours ce même soin apporté aux beats et aux compositions.
S’il ne révolutionnera pas le schéma musical actuel (il n’en a d’ailleurs pas la prétention), cet album reste néanmoins une production soucieuse de développer un ensemble de qualité en s’affranchissant des limites du genre. Résolument mélodieux et définitivement accessible au plus grand nombre,
Leo Vs Pisces saura ainsi satisfaire les aficionados de sang frais dans un hip hop souvent frileux, autant que les amateurs de musique non-conformiste sachant s’extirper des carcans sans perdre son âme.
Chroniqué par
Oropher
le 10/03/2004