L'univers caauchemardesque de
Sophia revient à nouveau hanter nos grises journées avec
Deconstruction of the world. En attendant la version cd, qui devrait arriver incessamment sous peu, c'est un vinyle que nous présente le label canadien
Cyclic law.
The end of the age ouvre la bal avec son dark-ambient, typiquement suédois, qui, comme une introduction, nous invite à pénétrer dans les tunnels oppressants qui mènent vers la lumière gelée du dehors. Et, comme pour briser le semblant de quiétude qui venait de s'installer
Machine semble vouloir déchirer l'espace et déclarer la guerre totale au reste du monde. Voix monocorde, atmosphère lourde et chargée d'électricité, portée par une rythmique assénée avec la douceur de coup d'une masse d'arme. Chaque titre qui se termine annonce la fin d'un chaos difficilement supportable, précedant un autre, puis encore un autre.
Downfall semble tout droit sorti de
Sigillum militum, le premier album du groupe. Orchestrations symphoniques guerrières ou épiques, rythme martial terrifiant et occupation de l'espace sonore, orgiaque et démesurée. Parfois on se surprend à imaginer des scènes d'affrontement, d'immensité vierge de toute humanité, envahie et investie de toute part par le virus combattant. Comme un rituel vers le sacrifice et l'accomplissement,
Humanicide tétanise l'auditeur grâce à un savant mélange de choeurs militaires, de groove indus machinal et incessant, et d'une déclamation proche de celle d'Aldenon Satorial de
Coph nia. Des visions de monuments en ruines, de tôle rouillée, de murs de pierres couverts de salpêtre et de no man's land inhospitaliers, ravivent sans cesse la sensation de réclusion et d'emprisonnement évoquée ici. En face B,
Contrition et
Aftermath se détache du lot, grâce à leur construction atypique, empirique et tendue.
La déconstruction du monde mise en musique, vous en rêviez, elle est là.
Sophia affirme son style et se détache enfin un peu de la bulle protectrice de
Cold Meat Industry, pour développer encore un peu plus son approche si personnelle de la musique atmosphérique la plus noire qui soit.
Chroniqué par
Yragael
le 23/02/2004