Quand François Testory sort le grand jeu, c'est toute notre curiosité naturelle qui se veut satisfaite, rassasiée. Au premier abord, ce disque est étrange. Pas dérangeant, juste surprenant, inhabituel, déstabilisant. Imaginez un chanteur d'opéra à la fois ténor et haute-contre, s'entourer de la fine fleur de l'electronica tribale underground, pour une succession de mariages polygames et polyculturels. Comme un opéra moderne, chaque personnages insuffle ses caractéristiques innées dans le but de donner une propre histoire, une propre image à chaque morceau. Pour une bonne pièce, il faut des intervenants charismatiques et prêts à jouer le jeu. Il faut reconnaitre que la voix de François Testory est très particulière, d'une tessiture peu commune et assez atypique dans le genre musical ici exploré. Mais franchie cette première présentation, on se rend vite compte qu'il en a quand même, de la voix. Pourrait-on parler à présent d'expérimentation ?
Peu importe, il suffit d'être vraiment curieux pour savoir. Et qu'apprend-on de
Sarrazine ? Tout d'abord qu'il affectionne les ambiances méditatives, dans lesquelles son chant traditionnel vient illuminer les sonorités electro plus sombres, ou tout simplement moins "vivantes" comme sur
Mirzo ou
A-stase. Ensuite, que la furie bouillonnante qui l'anime peut parfois exploser et se répandre comme une vague ardente, à l'image de
Blood river et
Isham, tous deux charpentés sur des grooves imparables. Son penchant accablé et sombre se fait ressentir sur
Iron horse et
Black heart, tandis que
Who am i ? se décrit comme une opérette abstraite, titubante comédie musicale, désarticulée et poétique.
L'avantage de ce genre de production, c'est qu'il y a matière à écrire, encore et encore.. Une initative audacieuse que fait plaisir et prouve que tout est à refaire, sans cesse.
Chroniqué par
Yragael
le 15/02/2004